La ville de Marseille va se doter de son propre conseil scientifique pour évaluer la situation sanitaire, en particulier sur le front du Covid-19. Et affirmer son indépendance à l'égard de Paris et de l'État.
La proposition, portée par la deuxième adjointe à la ville Samia Ghali, a été adoptée en conseil municipal ce 5 octobre, au moment même où les restaurants de la ville, placée par le gouvernement en zone d'alerte maximale, pouvaient rouvrir après une semaine de fermeture imposée, malgré la colère des élus locaux.
IHU, AP-HM et l'hôpital privé sollicités
« Je pense qu'il est important de créer un conseil scientifique de la ville de Marseille, avec les collectivités, la préfecture, l'IHU (l'Institut hospitalo-universitaire du professeur Didier Raoult), l'AP-HM, l'hôpital privé, les marins-pompiers, voire la chambre de commerce et d'industrie, l'éducation nationale... tous ces organismes qui sont au contact de la situation sanitaire au quotidien », a déclaré devant le conseil municipal Samia Ghali.
L'objectif ? « Permettre à la maire de Marseille (Michèle Rubirola) d'avoir des discussions sur le Covid et d'autres questions, et faire en sorte que des personnalités marseillaises puissent discuter et faire des propositions plutôt que de laisser faire l'État », a-t-elle ensuite ajouté auprès de l'AFP.
« Mme la maire doit présider un conseil scientifique (...) pour voir quelles sont les carences et qu'on ait une vision, et qu'on ne dépende plus de certains scientifiques parisiens, mais qu'on soit aussi nous-mêmes en capacité de dire ce qui va et ce qui ne va pas, pour ne plus subir la foudre de Paris », a-t-elle encore ajouté devant le conseil.
Désaccord de la région
Si la proposition a été saluée par le premier adjoint de Marseille, Benoît Payan, qui entend ainsi « éclairer le gouvernement », le président LR de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur Renaud Muselier a de son côté déploré un « facteur de confusion ».
« Je rappelle qu’il existe déjà, à l’échelle nationale comme à l’échelle locale, 10 instances compétentes » en matière sanitaire, a-t-il ajouté : « Dans cette crise, chacune de ces structures a une expertise propre et un rôle à jouer. Venir y ajouter un "machin" purement marseillais ne peut qu’ajouter de la confusion et de la cacophonie à un désordre déjà inquiétant ».
Marseille n'est néanmoins pas la première ville à se doter d'une instance pour éclairer ses politiques de santé. Fin septembre, Strasbourg a annoncé la constitution d'un comité « sciences, santé et société », composé d'une vingtaine de médecins, de scientifiques et d'autres citoyens, et coordonné par le doyen de la faculté de médecine, le Pr Jean Sibilia, pour se saisir des questions d'actualité, liées au Covid ou non.
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