Le Royaume-Uni a annoncé ce 4 novembre être le premier pays à autoriser le molnupiravir, traitement oral par comprimé contre le Covid-19 élaboré par le laboratoire américain Merck.
« Aujourd'hui est un jour historique pour notre pays, car le Royaume-Uni est désormais le premier pays au monde à approuver un antiviral qui peut être pris à la maison contre le Covid-19 », a déclaré le ministre de la Santé Sajid Javid dans un communiqué. « Cela changera la donne pour les plus vulnérables et les immunodéprimés, qui pourront bientôt recevoir le traitement révolutionnaire ».
Pour un Covid léger à modéré, chez les personnes à risque
Commercialisé sous le nom Lagevrio, le molnupiravir a été autorisé par l'agence du médicament britannique, la MHRA, pour une utilisation chez les personnes souffrant d'un Covid léger à modéré et présentant au moins un facteur de risque de développer une forme grave (obésité, âge de plus de 60 ans, diabète, maladies cardiaques).
Les autorités sanitaires recommandent qu'il soit pris « dès que possible après un test positif », a précisé le ministère de la Santé. Administré aux patients dans les jours qui suivent un test positif, le traitement réduit de moitié le risque d'hospitalisation, selon l'essai clinique réalisé par Merck, également appelé MSD en dehors des États-Unis.
Le gouvernement britannique, confronté à des taux de contaminations au Covid-19 parmi les plus élevés au monde, a annoncé le 20 octobre avoir commandé 480 000 traitements de molnupiravir. Il a aussi signé un contrat pour 250 000 traitements de ritonavir, un autre antiviral du laboratoire américain Pfizer déjà utilisé contre le VIH, dont l'efficacité contre le coronavirus fait l'objet d'essais cliniques.
Ces traitements sont destinés aux patients jugés les plus à risque, afin de réduire la pression sur les hôpitaux qui s'accentue au Royaume-Uni, qui déplore plus de 140 000 morts et enregistre un millier d'hospitalisations par jour.
L'EMA veut accélérer son évaluation
Les autorités de réglementation des médicaments des États-Unis (FDA) et de l'Union européenne (EMA) ont entamé une évaluation de ce médicament, salué comme une avancée majeure (notamment par le Conseil scientifique français).
« Nous essaierons d'accélérer notre évaluation (lancée la semaine dernière) pour obtenir une autorisation dans les plus brefs délais », a déclaré Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale à l'Agence européenne du médicament, ajoutant qu'il ne pouvait pas encore donner de date. « Nous sommes également prêts à conseiller les États membres de l'Union européenne afin qu'ils puissent mettre ce nouvel antiviral oral à disposition en cas d'urgence, avant son autorisation » a-t-il ajouté. Le régulateur, basé à Amsterdam, n'a pas le pouvoir de prendre une décision centrale sur l'utilisation du médicament en cas d'urgence dans l'ensemble de l'UE. D'où cette seule proposition de conseil, a-t-il expliqué.
Merck a déjà commencé la production de molnupiravir à grande échelle et prévoit de fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d'ici à la fin de l'année. Le groupe a déjà passé des accords avec certains gouvernements, dont les États-Unis (1,7 million de traitements) et la France (50 000 doses). Son prix est élevé, la commande passée par les États-Unis représentant 700 dollars par dose. Le laboratoire a néanmoins signé un accord de licence volontaire avec Unitaid ouvrant la voie à des versions génériquées plus abordables.
Merck est par ailleurs en train de mener un essai clinique distinct pour une deuxième utilisation du traitement, à titre préventif pour les personnes ayant été en contact rapproché avec le virus. La biotech Atea Pharmaceuticals et le laboratoire Roche évaluent de leur côté l'efficacité d'un traitement comparable tandis que Pfizer met au point un médicament combinant deux molécules, dont le ritonavir.
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