La proportion de personnes présentant des anticorps contre le SARS-CoV-2 après un pic d'infection diminuerait assez rapidement au sein d'une communauté, et de façon variable selon les profils, met en lumière une étude de l'Imperial College de Londres, disponible sur le site de prépublication MedRxiv. Une pièce de plus à verser au réquisitoire contre la stratégie de l'immunité collective.
Une prévalence des sérologies positives qui chute de 6 à 4,4 %
Les chercheurs de l'Imperial College, associés à l'institut Ipsos MORI, ont comparé la prévalence des anticorps contre le Covid-19 de 365 104 Britanniques choisis au hasard, en trois temps : un premier groupe s'est auto-testé à domicile entre le 20 juin et le 13 juillet, un deuxième, entre le 31 juillet et le 13 août, et le dernier entre le 15 et le 28 septembre. Les tests rapides utilisés étaient les LFIA (Lateral Flow ImmunoAssay), détectant les IgG.
La prévalence des sérologies positives est passée de 6 à 4,4 % entre juin et septembre, calculent après ajustement les chercheurs, soit une chute de 26,5 % en trois mois. Le décrochage est surtout marqué entre les deux premiers tours de tests (de 6 à 4,8 %), réalisés 12 puis 18 mois après le pic épidémique qui a frappé l'Angleterre, ce qui plaiderait pour un déclin rapide des anticorps après l'infection, avant un plateau.
Des différences selon l'âge et les symptômes
L'étude met en évidence des spécificités selon différents profils. En fonction de l'âge notamment : les plus jeunes (18-24 ans) se distinguent par la plus forte prévalence et un moindre déclin des anticorps (- 14,9 %), tandis que les plus de 75 ans, chez qui la plus faible prévalence a été retrouvée, affichent une chute de 39 % de la prévalence d'IgG.
Les chercheurs mettent aussi en avant une plus forte chute de l'immunité chez les participants qui ne rapportent pas de symptômes (- 64 % en trois mois), tandis que la prévalence des tests sérologiques positifs ne diminue que de 22,3 % chez les patients testés positifs par RT-PCR.
Par ailleurs, ils observent de plus fortes prévalences des tests anticorps positifs début septembre chez les Londoniens (9,5 versus 1,6 % dans le sud ouest de l'Angleterre), les personnes noires (13,8 %) ou asiatiques (9,7 versus 3,6 % pour les blancs) ou encore chez les travailleurs des secteurs sanitaire et médico-social, ou dans la population des zones défavorisées. À noter, la prévalence n'a pas baissé au cours de l'étude dans le groupe des professionnels de santé. En cause : la permanence des risques d'exposition.
Désaveu de la stratégie d'immunité collective
« Cette étude constitue un élément crucial de la recherche en nous aidant à comprendre comment évoluent les anticorps du Covid-19 à travers le temps », a salué le secrétaire d'État à la santé britannique, James Bethell.
Les scientifiques prônent la prudence. « On ne sait pas encore si les anticorps confèrent un niveau d'immunité efficace ou, si une telle immunité existe, combien de temps elle dure », résument-ils dans un communiqué.
Face à un éventuel risque de réinfection au nouveau coronavirus, la virologue Wendy Barclay de l'Imperial College de Londres (non auteure de l'étude) s'est montrée réticente aux « passeports d’immunités », pour les patients guéris du coronavirus. « Ce n'est pas une bonne idée car la qualité de la réponse anticorps peut varier selon les individus », a-t-elle commenté au micro de Times radio. Et de conclure sur une note d'espoir au sujet des vaccins qui « fonctionneront différemment et conféreront une immunité plus longue ».
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