À l’heure où le Covid-19 touche désormais la quasi-totalité des pays du globe, Médecins sans Frontières (MSF) a été contraint d’adapter ses activités pour pouvoir continuer ses interventions en Europe, auprès des plus vulnérables, et dans les pays en développement.
Mais, pour pouvoir assurer ces missions, l’association a besoin de disposer de matériel de protection et de tests en quantité suffisante. « En France, ce sont des problèmes que nous rencontrons depuis le début de l’épidémie, pour lesquels nous alertons régulièrement les pouvoirs publics », a souligné Corinne Torre, responsable du programme France à MSF, en conférence de presse.
Dans les pays en voie de développement, les États manquent drastiquement d’équipements de protection, tandis que MSF ne dispose d’un stock de masques que pour tenir encore quelques semaines. « Or, il nous faut impérativement protéger les soignants de manière à éviter qu’ils ne tombent malades et que nos centres ne ferment leurs portes », a fait remarquer le Dr Defourny, directrice des opérations chez MSF.
Des cliniques mobiles auprès des sans-abri
En France, en Italie, en Espagne, en Belgique et en Suisse, MSF intervient désormais en soutien aux structures hospitalières pour la gestion de l’épidémie (aide médicale, formation à l’utilisation des équipements de protection individuels, etc.), dans les établissements d’hébergement de personnes âgées (consultations médicales, formations aux gestes d’hygiène, etc.) et, surtout, auprès des populations vulnérables vivant à la rue.
Ainsi, en France, des cliniques mobiles continuent à intervenir auprès des sans-abri : « Du fait de l’épidémie, il y a d’énormes dysfonctionnements pour l’accès aux soins primaires et la continuité des soins pour ces populations », a fait remarquer Corinne Corre. L’association est également très mobilisée pour que les cas suspects Covid-19 chez ces personnes ne soient pas orientés vers des centres d’hébergement d’urgence de type gymnase, où le virus pourrait se propager rapidement, mais vers des hôtels ou des centres de desserrement, lesquels disposent de tests pour effectuer le diagnostic de l’infection.
D'autres priorités dans les pays en développement
Dans les pays où les systèmes de santé sont les plus fragiles, comme en Afrique ou dans certaines régions d’Asie, la situation est autre : « Dans ces pays, la lutte contre la pandémie ne peut passer par un confinement généralisé de populations dont la survie dépend de leur capacité à trouver des moyens de subsistance au jour le jour », ajoute le Dr Isabelle Defourny.
L’association s’est donc fixé trois priorités pour ses interventions dans les pays pauvres : protection des populations, maintien des soins primaires et création d'unités Covid. Premier point, MSF vise de permettre aux populations de se protéger contre le virus et éviter sa propagation. « Cela passe par la sensibilisation aux gestes barrières, la possibilité de se laver les mains grâce à un accès à l’eau et la mise à disposition de masques grand public, parfois fabriqués localement », indique la médecin.
Deuxième priorité, l'ONG s'attache à maintenir les activités médicales vitales et poursuivre les activités de soins primaires et de vaccination, notamment en cas d’épidémie de rougeole. « Cela implique que les soignants aient accès à des équipements de protection et que les structures de soins soient réorganisées pour qu’elles ne deviennent pas des lieux de contamination et d'amplification de l'épidémie », ajoute la professionnelle.
Et troisièmement, l'association travaille à assurer les soins médicaux des patients Covid-19 dans des unités de prise en charge de la détresse respiratoire, l’enjeu étant de « fournir aux malades de l’oxygène en quantité suffisante avec des méthodes non invasives ne nécessitant ni surveillance étroite ni compétences techniques pointues avec intubation », précise-t-elle.
Selon Thierry Allafort, directeur général de MSF France, la solution à la pénurie de masques dans ces pays devrait passer par « un système qui contraindrait les États qui sont sortis de l’épidémie et auraient surstocké des équipements de protection à remettre ces stocks aux pays qui en ont le plus besoin ». Un système qui serait mis en place « autour de l’OMS, avec une résolution venant des Nations Unies qui demanderait aux pays du G20 et du G7 de participer à l'approvisionnement », conclut le responsable.
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