Près d'un quart des infections par le SARS-CoV-2 resteraient asymptomatiques ; et la moitié des transmissions surviendraient durant la phase pré-symptomatique du patient source dans un contexte de recherche active des contacts : tels sont les deux enseignements que les équipes de Santé publique France (SPF) tirent d'une revue de la littérature au 2 juin 2020, publiés ce 8 juillet sous forme d'une synthèse rapide.
Éviter la confusion entre formes asymptomatiques et pré-symptomatiques
Les auteurs ont d'abord cherché à évaluer la part des formes asymptomatiques des infections à SARS-CoV-2. Ils ont retenu cinq études avec un recul suffisant pour exclure une confusion entre formes pré-symptomatiques et véritablement asymptomatiques : l'une basée sur les cas à bord du navire de croisière Diamond Princess, une autre sur les rapatriés japonais de Wuhan, une troisième sur le village de Vò, en Italie, une autre sur les marins du porte-avions Charles de Gaulle (CESPA), et enfin, une étude sur des résidents d'une maison de retraite de l'État de Washington, États-Unis.
En revanche, a été écartée l'étude australienne sur les passagers d'une croisière au large de l'Argentine, qui fait état d'une proportion de cas asymptomatiques particulièrement élevée (plus de 81 %), faute du recul nécessaire à exclure les symptômes tardifs.
En faisant la synthèse des estimations des cinq études retenues (via le modèle hiérarchique bayesien), SPF considère que la proportion des cas asymptomatiques est de 24,3 % avec un intervalle de crédibilité large de [2,7 ; 61,8].
En contexte de traçage actif
Les auteurs ont ensuite évalué la part des transmissions durant la phase pré-symptomatique. « Plusieurs études de paires infectant-infecté et une méta-analyse basée sur l’intervalle sériel et la durée d’incubation fournissent désormais une estimation convergente de la part des transmissions durant la phase pré-symptomatique autour de 50 % », rapportent-ils.
Ils soulignent néanmoins que ces études se situent dans des contextes de surveillance active au sein de clusters familiaux où les cas sont isolés dès l’apparition des signes. Cela réduit donc le potentiel de transmission post-symptomatique. Dans un contexte d'épidémie généralisée, où le traçage des cas est moins important, la part des transmissions pré-symptomatiques serait certainement moins importante, notent-ils.
Distanciation et masque pour tous
SPF rappelle que la période de contagiosité serait maximale 2 à 3 jours avant, et jusqu’à 8 jours après le début des symptômes. Étant donné que la transmission en phase pré-symptomatique est avérée et s'intensifie juste avant l'apparition des signes (et se poursuit quelques jours après), l'agence recommande de ne pas réserver les mesures de distanciation et de port du masque aux seules personnes malades. Elle préconise enfin que l’identification des contacts inclue des événements potentiels de transmission dans les 2 à 3 jours avant l’apparition des signes.
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