L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité (à 46 voix) ce 26 novembre une proposition de loi (PPL) présentée par le député UDI Michel Zumkeller visant à la création d'une plateforme de référencement et de prise en charge des malades chroniques du Covid-19.
En trois articles, la PPL prévoit la création rapide d'une plateforme de suivi pour permettre « à tous les patients qui le souhaitent de se faire référencer comme souffrant ou ayant souffert de symptômes post-Covid ». D'accès gratuit, ses modalités devront être précisées par un décret en Conseil d’État, pris après avis de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
« La création rapide d’une plateforme spécifiquement dédiée aux malades post‑Covid‑19 offrira une véritable prise en considération de ces patients. Elle permettra à toutes celles et à tous ceux qui le souhaitent, de se faire référencer comme souffrant ou ayant souffert de symptômes post‑Covid », lit-on dans l'exposé des motifs.
La plateforme devrait aussi permettre de mieux connaître le « Covid long », qui fait l'objet de discussions dans le monde médical. Les données remplies par les personnes, via un questionnaire médical, seront recueillies par l'Assurance-maladie, ce qui permettra de lancer une étude à grande échelle, notamment sur « les pathologies qu’auraient en commun ces malades, sur la durée de leurs symptômes, sur les traitements qui ont porté leurs fruits dans le processus de guérison », lit-on encore.
Accès aux soins facilités
La PPL prévoit que les personnes enregistrées, ayant des symptômes persistants, soient prises en charge « soit par leur médecin traitant dans le cadre d'un protocole déterminé, soit dans une unité de soins post-Covid » pour les patients atteints des pathologies les plus lourdes. Ceci à 100 % par l'Assurance-maladie et les complémentaires de santé, y compris la complémentaire santé solidaire (fusion de la CMU-C et Aide à la complémentaire santé).
Le texte précise en outre que l'Agence régionale de santé facilite une mise en œuvre rapide des unités de soins post-Covid dans les établissements hospitaliers de proximité, avec des moyens humains et financiers suffisants.
En revanche, la PPL ne va pas jusqu'à demander la reconnaissance systématique du Covid long en maladie professionnelle, ni sa classification en affection longue durée (ALD). Le secrétaire d'État en charge de l'enfance et des familles Adrien Taquet a précisé qu'un dispositif pour une reconnaissance automatique existe déjà pour les soignants et une procédure de reconnaissance facilitée pour les non-soignants. Quant à la reconnaissance d'une ALD dédiée au Covid long, « ce n'est ni possible, ni souhaitable à ce stade », a-t-il dit. « Nous n'avons pas les critères diagnostiques précis, vu la diversité des formes. Mais les patients les plus graves peuvent être sous le régime d'une ALD pour une pathologie donnée, ou pour un cumul de critères. »
Le texte doit encore être examiné par le Sénat. En attendant, du côté des médecins, les débats sont toujours vifs, après la publication dans le « Jama Internal Medecine » d'une étude française appelant à ne pas conclure trop vite au diagnostic de Covid long. Pour une partie importante des patients, « les symptômes prolongés qui sont attribués au Covid peuvent vraisemblablement être associés à une autre maladie », assure le premier auteur le Pr Cédric Lemogne (Hôtel-Dieu, AP-HP).
Et d'inviter les médecins, après avoir éliminé un diagnostic différentiel, à se poser la « question des croyances des patients et des comportements induits qui peuvent être une source de pérennisation des symptômes ». Des conclusions que d'autres spécialistes, dont la Pr Dominique Salmon-Ceron (aussi à l'Hôtel-Dieu), rejettent dans une tribune publiée dans « Le Monde », accusant les premiers de faire du Covid long une maladie imaginaire.
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