Des années après son interdiction dans l'essence et les peintures, le plomb continue de prélever un lourd tribut aux États-Unis, où une nouvelle estimation publiée dans le « Lancet Public Health » attribue un total de 256 000 décès cardiovasculaires chaque année à l'exposition au plomb, dont 185 000 des suites d'une pathologie ischémique. Ces chiffres proviennent des travaux d'une équipe américano-canadienne dirigée par le Pr Richard Hornung, de l'école de médecine de Cincinnati, basés sur une étude observationnelle menée depuis 20 ans sur 14 300 personnes. Il s'agit des premiers travaux à mesurer le risque de décès prématurés en cas d'exposition à de faibles doses, de l'ordre de 1 à 5 microgrammes de plomb par décilitre de sang.
Les auteurs précisent que 18 % de l'ensemble des décès survenant chaque année aux États-Unis surviendraient chez des personnes ayant un taux de plomb supérieur à 1 µg/dL. Le plomb serait ainsi responsable de 28,7 % des décès cardiovasculaires prématurés, et de 37,4 % des décès causés par une pathologie ischémique.
La moyenne des taux d'exposition au plomb chez les participants de l'étude est de 2,7 µg/dL, un cinquième des participants ont un taux de plomb élevé (plus de 5 µg/dL). Ces derniers ont un risque de décès prématuré toutes causes augmenté de 37 % et de décès cardiovasculaire prématuré augmenté de 70 %, comparé à des personnes ayant un taux de plomb de l'ordre de 1 µg/dL.
Une large part des décès concerne des adultes de plus de 44 ans, qui ont été exposés plusieurs années avant le début de l'étude et l'application de régulations plus strictes interdisant notamment la présence de plomb dans l'essence, la peinture et d'autres produits. « Le nombre de décès devrait être moins élevé dans les jeunes générations », estime le Pr Bruce Lanphear, de l'université canadienne Simon Fraser, et premier auteur de l'étude.
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