SOUS L’INFLUENCE, décidément néfaste, du Tea Party, la parti républicain a affrronté cette année électorale dans un désordre et une multiplicité de candidatures incongrues qui risquent de lui être fatals. Le Tea Party n’est rien d’autre qu’une réaction allergique populaire à la victoire de Barack Obama en 2008. Il regroupe des personnages qui ont ressenti l’élection d’un homme noir et plutôt à gauche comme une déviation historique extrêmement dangereuse pour les États-Unis. Ce qui a conduit des républicains classiques, comme Mitt Romney ancien gouverneur du Massachusetts, auteur d’une réforme de l’assurance-maladie comparable à celle que M. Obama a fait adopter sur le plan national, à durcir leur propre conservatisme. M. Romney, dans l’Iowa, n’a battu Rick Santorum (ancien sénateur de Pennsylvanie) que de huit misérables voix et n’a obtenu que 25 % des suffrages. C’est assez dire que sa victoire est fragile et qu’il peut être supplanté par d’autres candidats, aujourd’hui dans le New Hampshire ou plus tard dans d’autres États. Il demeure néanmoins le candidat républicain le mieux placé. Voici pourquoi.
Les ultras sont divisés.
Quelles que soient les concessions qu’il a faites à l’extrême doite, M. Romney, fils d’un ancien gouverneur du Michigan, qui fut aussi candidat à la présidence, représente le candidat républicain classique, même si sa religion (il est mormon) pose un problème aux évangélistes qui dominent le Tea Party. Lequel fut fondé par Michele Bachmann, elle-même candidate qui, battue platement dans l’Iowa, s’est retirée de la course. De sorte que les ultra-conservateurs, qui ont réussi à paralyser le Congrès toute l’année dernière, sont divisés et n’ont plus de candidat, car ils ne parviennent pas, pour l’instant, à se mettre d’accord sur l’un des républicains encore en lice. Certes, il faut tenir compte de quelques phénomènes, la présence dans la bataille de Newt Gingrich, ancien « speaker » de la Chambre des répresentants, qui donna beaucoup de fil à retordre à Bill Clinton, la résistance de Rick Santorum, la candidature, un peu nonchalante, de Jon Huntsman, ancien ambassadeur d’Obama à Pékin, qui, lui, représente l’aile la plus modérée du parti républicain. Mais M. Romney est riche, il a déjà été candidat, et, s’il n’a pas un charisme fou, il a de quoi financer sa campagne, ce qui n’est pas le cas de Gingrich et de Santorum.
POUR LE MOMENT, AUCUN CANDIDAT RÉPUBLICAIN NE SEMBLE CAPABLE DE MENACER OBAMA
En réalité, le Tea Party a réussi à convaincre la majorité silencieuse qu’il représente seulement une menace pour les institutions parce qu’il a empêché le consensus du Congrès autour de la réduction du déficit budgétaire et de la gestion d’une dette faramineuse (100 % de la production intérieure brute). La flambée de conservatisme extrême qui a suivi l’arrivée de M. Obama à la Maison Blanche a d’abord inquiété l’opinion parce qu’elle privait le pouvoir de ses moyens d’action et parce qu’elle soumettait l’intérêt général à la passion idéologique. Elle est allée se perdre ensuite dans des candidatures fragiles, portées par des hommes ou des femmes, de Herman Cain à Michele Bachman en passant par Rick Perry, dont le savoir et les compétences affichées n’ont pas résisté aux questions des journalistes. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que contre un Obama cultivé, élégant et modéré, se présentaient des candidats républicains « has been » (Newt Gingrich), ignorants (Herman Cain ne savait pas où se situait la Libye), excessifs et superficiels (Bachman).
Le Tea Party continuera certes à jouer un rôle dans les prochaines primaires, mais ce sera celui de la division. Il fera apparaître, comme candidats plus ou moins crédibles, tantôt le libertarien Ron Paul (score correct dans l’Iowa), tantôt le très catholique Santorum, ou le charismatique Jon Huntsman, ou encore le sulfureux Gingrich, qui a le meilleur curriculum vitæ de la bande et une très abondante culture politique. Comme ailleurs, cependant, l’élection présidentielle américaine se gagne au centre et pas sur un programme extrémiste, donc minoritaire. Les scores des candidats dans l’Iowa mardi dernier, ou ceux qu’ils feront dans les prochaines primaires, reflèteront certes les engagements ultra-conservateurs (peine de mort, recherche sur les cellules souches, avortement et contraception) qu’ils ont pris, mais celui qui se détachera du lot devra les abandonner ou les nuancer dès qu’il aura été investi par le parti républicain. Lequel est d’ailleurs très inquiet : il a réussi à éliminer Bachman et Cain mais il ne veut pas davantage d’un Paul ou d’un Perry. Il veut un candidat pour une majorité très large, celle qui vote aux élections fédérales, celles des grandes villes où la religion ne domine pas les mœurs, celle qui a conscience des enjeux industriels et financiers, celle qui exige avant tout des créations d’emplois. De ce point de vue, M. Romney fait l’affaire. Quoi qu’il en soit, Barack Obama, dont la cote de popularité n’est pas très élevée (moins de 50 % d’avis favorables) se trouve pourtant dans une position très confortable : jusqu’à présent, aucun candidat républicain n’est en mesure de le détrôner. En novembre prochain, Obama pourrait bien l’emporter par défaut.
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