SE PARTAGEANT entre la peinture et la médecine, le Dr Aimé Bénichou, président fondateur de l’association des peintres médecins, organise depuis près de 50 ans un salon annuel dans les locaux de la Faculté de Médecine de Paris. « Je suis frappé de voir que les médecins, surtout les jeunes, ne représentent plus du tout la médecine et la santé dans leurs tableaux, alors qu’elles étaient souvent évoquées autrefois : visiblement, ils cherchent maintenant à se déconnecter totalement de leur métier, ce qui est très significatif d’une autre mentalité », souligne-t-il. Autre évolution notable, relevée par le Dr Bruno Fourrier, président fondateur de l’association des médecins mélomanes européens, « les grandes associations traditionnelles perdent des membres, mais dans le même temps, on voit apparaître beaucoup de nouvelles associations de taille plus réduite, preuve d’un fractionnement et d’une individualisation de la profession ».
Une exception dans toute l’économie française.
Il est vrai, de plus, que les associations de loisirs, surtout celles qui génèrent des frais, ont subi de plein fouet les effets des lois sur le sponsoring et le mécénat. « Pendant longtemps, les laboratoires payaient nos salles de concerts, mais c’est désormais impossible », poursuit le Dr Fourrier en s’insurgeant contre les nouvelles règles. « C’est vraiment absurde de croire qu’on va prescrire le médicament X ou Y sous prétexte que son fabricant loue la salle, et c’est d’autant plus injuste que n’importe quel industriel a le droit d’inviter ses clients et ne se gêne pas pour le faire… Nous sommes devenus une exception dans toute l’économie française ! ». Il n’en reste pas moins que l’association continue, même avec moins de moyens, à organiser des concerts, où s’illustrent des professionnels, mais aussi des médecins musiciens amateurs de haut niveau.
Si les médecins sont nombreux parmi les grands écrivains de langue française, il ne faut pas oublier les centaines de médecins qui publient régulièrement des œuvres littéraires, sans en vivre pour autant. Créé en 1949, le groupement des médecins écrivains, actuellement présidé par le Dr Roland Noël, compte 320 membres, organise des rencontres et décerne des prix, tout en donnant des conseils aux auteurs désireux de se faire éditer. Mais le Dr Noël constate que l’orthographe et la syntaxe des médecins se dégradent, et que sauf exception, les médecins écrivent de moins en moins bien, reflet de leur formation « beaucoup plus technique et bien moins littéraire qu’autrefois », aggravée par le recul de la langue française dans la pensée médicale.
La relève assurée.
À côté des grandes associations médicales sportives ou culturelles, d’autres structures ont su réunir des médecins autour de passions plus ciblées : France Médical Rock, fondée par le Dr Brunet, aujourd’hui créateur de « Médipassion », est née de la passion de quelques médecins pour le rock and roll, mais tous les goûts musicaux se retrouvent chez les médecins, de la variété française au chant grégorien en passant par le jazz ou la musique folklorique. La danse, le théâtre ou la photo comptent aussi de nombreux adeptes médecins, tandis que l’engagement humanitaire combiné à un sport ou un loisir permet à beaucoup d’entre eux de se révéler dans une activité restant proche de leur métier. Enfin, si la majorité des exposants et des artistes présents était constitués de « quadras » et de « quinquas », reflet de la démographie générale des médecins, plusieurs étudiants exposaient leurs œuvres ou leurs photos, annonçant là aussi une relève à venir dans le domaine du « loisir médecin ».
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