MENÉE PAR LE gérontopôle de Toulouse, une première étude nationale sur la fréquence et l’impact des hospitalisations sur les patients met en lumière un étonnant va-et-vient des personnes âgées entre les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées. Avec 70 % de leurs patients qui vont et viennent de (ou vers) l’hôpital, les 300 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) qui ont participé à cette enquête affichent un besoin très clair de se rapprocher ou de mieux se coordonner avec le système hospitalier. Une pathologie somatique serait en cause dans 70 % des cas d’hospitalisation qui ont lieu le plus souvent dans l’urgence, sur décision du médecin traitant. « Très âgées, très dépendantes et souvent polypathologiques, les personnes résidantes en EHPAD sont fragiles », alerte le Pr Françoise Forette, directrice de la Fondation nationale de gérontologie. En attirant l’attention sur le très grand risque que représente la dénutrition ou la chute, elle retient de cette étude qu’un patient sur deux est désormais atteint de maladie d’Alzheimer.
Dans ces conditions, il apparaît donc « normal que le taux d’hospitalisation soit élevé dans cette population qui est si lourde médicalement ». Mais ces hospitalisations sont-elles légitimes et évitables ? Françoise Forette affirme que la légitimité de ces transferts n’est plus à démontrer, même quand les EHPAD sont médicalisés. Les médecins et les infirmières de ces établissements peuvent faire face à une insuffisance cardiaque, une grippe ou une pneumopathie mais quelquefois, ces pathologies se décompensent et l’institution n’est plus en mesure de faire face. En hiver, une pneumopathie due à un germe résistant qui entraîne une insuffisance respiratoire est l’une des situations où les moyens de l’EHPAD seraient dépassés. Les troubles du comportement, parfois incontrôlables, ne peuvent pas toujours se traiter dans ces établissements. D’autant que l’étude signale que seuls 15 % des EHPAD disposeraient d’infirmières de nuit.
Soigner hors les murs.
Côté médical, les médecins coordonnateurs sont en moyenne présents deux jours par semaine dans les établissements. Une fréquence jugée insuffisante : « Même s’il ne s’agit pas de transformer les EHPAD en hôpitaux, des liens très étroits sont à resserrer entre les structures », affirme Françoise Forette qui n’hésite pas à parler de « réseautage ». Pour multiplier les équipes mobiles et soigner ses patients hors les murs de l’hôpital, elle annonce que les agences régionales de santé (ARS) de Midi-Pyrénées, Limousin et Roussillon viennent de se réunir pour mettre en place des initiatives pilotes et faciliter ces prises en charge.
Toujours selon cette étude 25 % des patients résidant dans ces 300 EHPAD, ont été admis ou sont sortis de l’hôpital depuis ces trois derniers mois. L’hospitalisation conserverait un effet délétère, le patient revient, il est plus dépendant et il prend davantage de neuroleptiques. Le Pr Yves Rolland qui a mené cette étude avec le Pr Bruno Vellas, affirme d’ailleurs que 70 % des résidents prennent un psychotrope et que 16 % en prennent jusqu’à trois. Aujourd’hui, un patient sur deux en EHPAD serait atteint d’une maladie d’Alzheimer qui « double tous les facteurs de gravité et reste une cause de placement numéro un, le plus souvent dans l’urgence ». En affirmant que seuls 17 % des patients diagnostiqués sont traités, l’étude souligne le nombre d’unités spécialisées, multiplié ces dernières années puisqu’un établissement sur deux en dispose. Des progrès donc même si la prise en charge des personnes âgées intéresse bien peu les scientifiques, déplore le Pr Vellas qui souligne que les travaux publiés dans Medline sur ce sujet ne dépassent pas 1 % du total des articles.
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