HAÏTI, indemne du choléra depuis plus de cent ans, se trouve confronté à une explosion épidémique de cette infection. Quelle qu’en soit l’origine, apport extérieur par les soldats népalais de la Minustha ou résurgence autochtone (les analyses moléculaires permettront peut-être de trancher un jour), le vibrion cholérique doit être combattu par tous les moyens à notre disposition et ce dans les plus brefs délais pour tenter d’éviter une catastrophe sanitaire majeure déjà amorcée et sa diffusion au reste de l’île (Saint Domingue). Si la maladie déclarée peut être soignée en quelques jours par la réhydratation et l’antibiothérapie, l’apport en eau potable est la condition nécessaire à la maîtrise de l’épidémie et il est urgent que toutes les infrastructures liées à l’eau soient remises en état.
Le choléra, qui persiste de manière endémique dans de nombreuses régions du monde, se manifeste bruyamment par poussées épidémiques. Cette évolution semble en partie liée à un équilibre qui s’établit entre l’agent responsable, le Vibrio cholerae, et ses prédateurs naturels, les bactériophages (phages), virus lytiques spécifiques des bactéries. Ce phénomène a été mis en évidence lors d’épidémies en Inde durant le XXe siècle. Les phages, spécifiques d’espèce, voire de souche, sont extrêmement puissants, s’accrochant à la bactérie avant de pénétrer à l’intérieur et de se multiplier en détournant la machinerie bactérienne. Les nouveaux phages ainsi produits en plusieurs dizaines d’exemplaires en moins d’une heure détruisent la bactérie et en infectent de nouvelles, poursuivant ainsi leur multiplication exponentielle jusqu’au moment où ils n’ont plus de bactéries à infecter. Cette reproduction est extrêmement rapide tant que les phages rencontrent leur proie.
Les phages ont été découverts au début du XXe siècle par Félix d’Hérelle, qui les a utilisés dans le traitement du choléra avec une efficacité extraordinaire. Dans les années 1960 l’OMS voyait dans cette ressource thérapeutique un concurrent direct des antibiotiques. Sans danger et peu onéreux, les phages permettent de traiter individuellement des patients infectés. Plus encore, les convalescents rejettent dans leurs fèces des vibrions qui assurent une protection de voisinage, véritable « guérison épidémique » qui complète le traitement de masse des sources hydriques contaminées. (« choléra et bactériophages » O. Patey et A. Dublanchet, CEMI 15 : Eau et maladies infectieuses, enjeux du XXIe siècle, Institut Pasteur, mai 2010, disponible sur infectiologie.com/documents/diaporamas/journées thématiques/CEMI2010)
L’histoire de la médecine en maladies infectieuses et tropicales apporte souvent un enseignement riche à méditer de nos jours. (CEMI 16 : « Histoire de la médecine et maladies infectieuses » 13 mai 2011, Institut Pasteur)
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