BERNARD KOUCHNER est arrivé mercredi à Jérusalem après avoir rencontré le président Mahmoud Abbas à Amman en Jordanie. Sa visite à l’État juif a été saluée, la veille, par l’annonce de la construction de 1 000 nouveaux logements à Gilo, quartier de Jérusalem annexée. Le gouvernement de Benjamin Nétanyahou, spécialiste des contre-temps délibérés, ne pouvait mieux agir pour démontrer l’inanité des efforts diplomatiques, d’où qu’ils viennent, y compris d’un gouvernement qui refuse de stigmatiser Israël alors que le procès moral de l’État hébreu, condamnations comprises, se poursuit sans désemparer à l’ONU et dans toutes les capitales du monde en développement. M. Kouchner se refuse à casser les liens, quelque peu fragilisés, qui unissent la France et Israël, ce qui priverait la diplomatie française d’un atout majeur : si elle rejoignait le camp des imprécateurs, où l’on compte beaucoup de journaux français, elle perdrait toute influence sur le gouvernement israélien.
Consensus autour de Gilo.
Non que cette influence ait produit à ce jour des résultats ou que l’entêtement de M. Netanyahou à refuser tout geste un peu généreux en direction des Palestiniens soit acceptable. Pourtant, en ce qui concerne Gilo, la représentante de l’opposition, Tzipi Livni, sur laquelle reposent tous les espoirs (à long terme) de solution pacifique, a déclaré qu’il y a un « consensus national au sujet de Gilo ». Jérusalem est le point critique sur lequel risque de buter toute négociation. En France, on se plaît à dire que la mosquée Al Aqsa est le troisième lieu sacré de l’islam, à quoi il serait équitable d’ajouter que les vestiges du temple en contrebas sont le premier lieu saint du judaïsme.
Ce climat de haine partagée contre Israël, la conviction des générations nouvelles, totalement dépourvues de mémoire, que les Israéliens sont des bourreaux et les Palestiniens des victimes, la manipulation des faits à laquelle se livrent beaucoup de gouvernements qui ne songent qu’à leurs intérêts tout en feignant de soutenir une cause juste, représente le plus gros obstacle à la négociation. Israël, qui n’est pas doué en communication, évalue amèrement sa mauvaise réputation et croit n’avoir rien à perdre en ignorant le sort du peuple palestinien et en poursuivant la politique unilatérale amorcée par Sharon avec l’évacuation de Gaza. Bernard Kouchner s’efforce de faire comprendre aux Israéliens qu’ils ne peuvent passer leur vie à gagner du temps. Ils répondent, non sans justesse, que le temps, pour eux, c’est la seule vie qu’ils puissent avoir, menacés qu’ils sont au sud par les roquettes de Gaza, au nord par celles du Hezbollah et un peu plus loin par les fusées d’Ahmadinejad. Seraient-ils amenés à résipiscence, donneraient-ils un gage à la paix que le Hamas, loin d’être amadoué, crierait victoire et présenterait son fanatisme comme seule explication de la « faiblesse » des Israéliens.
MÊME UNE PAIX NÉGOCIÉE NE GARANTIRAIT PAS L’EXISTENCE D’ISRAËL
Abbas au bout du rouleau.
Si on ne comprend pas ce marécage de détestation, de violence, de désir de mort et de vengeance dans lequel évoluent les relations israélo-palestiniennes, on ne comprend rien. La négociation ne portera ni sur un échange, ni sur un compromis, sauf si on pense qu’Israël n’a pas le droit d’exister ; elle portera uniquement sur des concessions israéliennes, sur les territoires, sur le retour des Palestiniens exilés, sur l’eau, alors qu’aucun leader palestinien ne peut promettre la paix en échange. Si estimable qu’il soit, M. Abbas est au bout du rouleau. Il annonce des élections, le Hamas n’en veut pas, il n’y aura donc pas d’élections. Il annonce qu’il ne se représentera pas, mais même ce sacrifice apparent n’a aucune signification, dès lors qu’il n’y aura pas d’élections. Il demande à l’ONU de déclarer l’existence de l’État palestinien (pourquoi pas ?), le Hamas rejette cette proposition. Franchement, qui, dans le camp palestinien (à part le Fatah, qui ne contrôle plus qu’une fraction de la Palestine), veut vraiment négocier ?
En dépit d’un tableau où les moins crédibles sont les Palestiniens, la colonisation doit cesser immédiatement ; elle aurait dû être arrêtée beaucoup plus tôt, et peut-être n’aurait-elle jamais dû se produire parce qu’Israël a moins besoin d’espace vital que d’une paix durable. Le gouvernement de M. Netanyahou, contraint de pratiquer, au nom de ses électeurs, la politique qu’il a annoncée, est plus intéressé par sa propre survie que par le salut à long terme d’Israël. La tension et les menaces sont tellement effrayantes qu’une forme de détente est indispensable et Israël est assez fort pour être le premier à donner le signal, pour renforcer M. Abbas avant qu’il ne périsse moralement sinon physiquement. Le président palestinien est miné par le Hamas et son discrédit est grand alors qu’il n’y a pas d’alternative à ce qu’il représente.
Il demeure que, même si, par miracle, Israël engageait une négociation après avoir gelé la colonisation, le progrès vers la paix augmenterait une tension savamment entretenue par les irréductibles de la région. C’est ce qu’il faut comprendre. Sans espoir de paix, pas de détente. Avec la paix, pas de détente non plus.
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés
Apnée du sommeil de l’enfant : faut-il réélargir les indications de l’adénotonsillectomie ?
Endométriose : le ministère de la Santé annonce une extension de l’Endotest et un projet pilote pour la prévention