DÉCHÉANCE. Chute vertigineuse. « K.-O. » pour DSK titrait la Une de « Libération » le 17 mai après son placement en détention et le déferlement médiatique que l’on connaît. Les images médiatiques qui s’impriment et se transforment dans l’imaginaire de chacun d’entre nous, citoyens de la planète média sont une chose. Celle de « l’image de soi » des principaux acteurs de ce tsunami intime, qu’ils soient victimes ou bourreaux en est une autre. Sans prétendre, bien sûr, pouvoir ni vouloir analyser la singularité psychique du présumé coupable qu’est le désormais ex-patron du FMI, quelques éléments de réflexion sur « ce qui peut se passer dans la tête » d’un sujet à l’occasion d’un épisode aussi spectaculaire, dans tous les sens du terme, nous paraissent pouvoir être proposés sans céder ni à la curée ni à l’impudeur. Car en effet, ce qui caractérise l’événement est bien la rapidité de l’enchaînement des faits et des commentaires et l’accélération de l’histoire qui l’accompagne.
« Une des caractéristiques de l’homme politique est d’être en interaction avec l’autre et d’une certaine manière d’être dépendant du désir de l’autre » expliquait, dans le « Quotidien du médecin » du 18 mai, le Pr Michel Lejoyeux. Comment peut-on, dès lors qu’on est au fait du pouvoir, vivre un tel effondrement et de telles humiliations ? L’histoire est jalonnée d’exemples d’hommes ou de femmes investi (e) s publiquement, adulé (e) s puis rabaissé (e) s, humilié(e) s à tort ou à raison, provisoirement ou définitivement. S’il existe probablement autant de cas de figures possibles que de personnalités différentes, les situations et les contextes peuvent néanmoins être radicalement distincts : le fait d’être humilié ou torturé du fait d’un engagement revendiqué et assumé comme l’ont vécu les héros de la Résistance au cours de la Deuxième Guerre Mondiale est très différent de l’expérience de la brutale déchéance de tyrans brutalement évincés ; ou encore de l’expérience d’humiliation prolongée et quotidienne vécue par les otages d’une organisation terroriste, elle-même très dissemblable de celle d’une victime de viol ou de celle d’un épisode de vie type abandon amoureux possiblement vécu comme un cataclysme durable. L’image de soi que chacun garde ou transforme est donc éminemment variable. Face à de tels bouleversements du regard de l’autre, certains conservent une certaine intégrité, résistent tandis que d’autres sont définitivement détruits. Le « moi idéal » de la psychanalyse, cette image positive de soi qui permet à chacun de survivre, est soumis à de perpétuelles fluctuations tout au long de la vie, au fil de ses bouleversements plus ou moins profonds : maladie grave, deuils, traumatismes ou plus simplement vieillissement. Les adaptations de chacun sont plus ou moins difficiles et sont sans doute d’autant plus opérantes que le sujet peut s’appuyer sur des valeurs internes solides souligne le psychiatre Alain Gérard. Ce qui caractérise cette « affaire DSK » est l’intensité et la rapidité du déroulé des événements poursuit-il. D’où la sidération et l’ébahissement de tous, de sa victime sans doute et peut-être de l’intéressé lui-même. D’où aussi ce besoin de nous adresser aux « spécialistes » pour tenter de comprendre ce brutal changement de décor.
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