DEPUIS le 25 janvier, le Dr Rami Gebala n’opère plus. Non qu’il manifeste, mais il vit loin de son hôpital, et les transports sont bloqués. Le Dr Gebala garde ses enfants à la maison, et suit les événements à la télévision. Quelques uns de ses collègues assurent les urgences ; l’activité froide a été déprogrammée jusqu’à nouvel ordre. Le changement ? Le Dr Gebala y aspire comme tous les Égyptiens, sans pour autant souhaiter le départ de Hosni Moubarak. « Mieux vaut une transition progressive. Ce sera le chaos si le président part brutalement », dit-il. La contestation égyptienne est plus politique que sociale, analyse le chirurgien : « Les manifestants réclament la démocratie, la liberté d’expression. La santé n’est pas leur préoccupation du moment. Mais en privé, des patients viennent se plaindre des listes d’attente. »
Les inégalités se creusent en Égypte. Aux riches les cliniques privées et la crème des blocs opératoires. Aux pauvres les hôpitaux publics vétustes et sous équipés, fonctionnant cahin-caha avec des médecins payés au lance-pierres. Le Dr Gebala exerce en privé, un secteur à la bonne réputation mais aux tarifs prohibitifs. Alors c’est un peu le système D. « On me propose des paiements en plusieurs fois, raconte le Dr Gebala. J’ai vu beaucoup d’Égyptiens renoncer à des soins faute d’argent, surtout ces six derniers mois ». Une réforme de la Sécurité sociale est sur les rails pour élargir l’accès aux soins. « Le ministre de la Santé a augmenté le budget de la santé de plusieurs milliards, mais les médecins restent très mal payés. Ce devrait être la priorité : mieux payer les médecins, et moderniser les hôpitaux publics ». La situation politique est très incertaine, et le Dr Gebala se garde de tout optimisme débridé. « Je suis inquiet pour la suite. L’Égypte a fait un pas vers quelque chose de bien, mais on ne sait pas qui va remplacer Moubarak. »
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