Qu'est-ce que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ?
Basé à Genève, « il s'agit d'un instrument financier, et non d'une agence normative comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Fonds n'émet pas de recommandations, explique Stéphanie Tchiombianon, coordinatrice du think tank Santé mondiale 2030. Il a été créé pour faire face aux énormes besoins de financement de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Son but est d'éviter une cacophonie et un manque de cohérence entre les bailleurs de fonds. » Il rassemble 60 pays donnateurs ainsi que des donnateurs privés.
Qui en sont les bénéficiaires ?
124 pays sont éligibles. Certains, comme l'Afrique du Sud, sont même à la fois contributeurs et bénéficaires. « Il existe 2 critères d'éligibilité importants, explique S. Tchiombianon : un critère sanitaire et un critère financier. » L'enveloppe est calculée en fonction de l'impact local de la pandémie, des capacités de gestion et des infrastructures. Chaque pays doit élaborer des priorités stratégiques évaluées par un comité d'experts indépendant.
« Le Fonds mondial est extrêmement exigant en matière de suivi des projets financés, poursuit Stéphanie Tchiombiano. Ainsi, chaque trimestre, le financement est décidé en fonction des performances du trimestre précédent (nombre de dépistages réalisés, par exemple). « Le Mali et la Mauritanie, par exemple, ont vu leurs financements suspendus en 2010 suite à un audit. »
Les objectifs de financement du Fonds mondial sont-ils suffisants ?
Dans son argumentaire d'investissement préalable à la 6e reconstitution des ressources, le Fonds mondial affirme vouloir rassembler 14 millards de dollars pour financer ses actions au cours des trois années 2021-2023, soit 8 % de plus que les objectifs affichés lors de la conférence de Montréal de 2016, et surtout 16 % de plus que ce qui a effectivement été rassemblé lors de la période 2017-2020.
Dans un avis du 18 avril dernier, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) estime que, même si l'objectif de 14 milliards de dollars est atteint, « l'ensemble des besoins ne sera pas couvert ». Les experts estiment qu'un investissement de 18 milliards serait plus en ligne avec les besoins. Pour la Pr Françoise Barré-Sinoussi aussi, le compte n'y est pas « les progrès accomplis en matière de lutte contre les pandémies de sida, de tuberculose et de paludisme restent fragiles. La progression de la résistances aux traitement est préoccupante : on estime que 10 à 15 % des patients séropositifs pour le VIH naïfs de tout traitement sont infectés par des souches résistantes aux antirétroviraux ». Un jugement que partage Stéphanie Tchiombianon : « si l'on veut vraiment éradiquer les 3 pandémies d'ici 2030, il faudrait beaucoup plus d'argent ».
Quel est le rôle de la France ?
Il s'agit d'un acteur majeur. Cofondateur et second contributeur du Fonds, notre pays y a versé 360 millions d'euros pour la période 2015-2018 dont 4,3 millions d'euros afin d'engager 78 missions d’assistance technique, dans le cadre des aides bilatérale qu'elle déploie via son programme « initiative 5 % ». Sa capacité d'influence reste toutefois limitée, face aux Etats-Unis dont la contribution est 22 fois suppérieure. En obtenant, en mai 2018, l'organisation de la 6e conférence de reconstitution, Emmanuel Macron espère peser d'avantage
Que sait-on des prochaines contributions ?
Les Etats-Unis et la France n'ont pour l'instant fait aucune promesse. Le gouvernement italien a annoncé une contribution de 161 millions d'euros, en hausse de 15 % par rapport à sa précédente contribution. La Chancelière Angela Merkel a annoncé une promesse de don d’un milliard d’euros pour la prochaine période de trois ans, ce qui représente une hausse de 17,6 %. L'Espagne, qui n'avait pas participé à la précédente levée de fond, a pour sa part promis une contribution de 100 millions d’euros.
L'Inde, à la fois contributeur et bénéficiaire du Fonds, contribuera, elle, à hauteur de 22 millions de dollars (environ 20,8 millions d'euros). Enfin, le Canada à promis 700 millions de dollars, soit près de 16 % de plus par rapport à 2016. Des hausses de contributions ont également été promise par le Luxembourg (9 millions d’euros, +11 %) et l'Irelande (45 millions d'euros, +50%).
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