SUR LES DEUX théâtres d’opérations, les forces françaises ont joué le rôle du relais décisif de l’ONU et de l’OTAN. Le plus surprenant, c’est la défection des États-Unis. En Libye, Barack Obama se contente maintenant de mettre ses avions ravitailleurs au service des bombardiers français et britanniques ; en Côte d’Ivoire, une fois que les Français ont apporté aux forces de M. Ouattara le coup de main indispensable à l’arrestation de Laurent Gbagbo, M. Obama a téléphoné au président ivoirien pour lui rappeler ses engagements humanitaires et la nécessité de mettre fin aux combats. Il a agi comme l’inspecteur des travaux finis, alors que la France, engagée à Abidjan avec sa force Licorne, et mandatée par l’ONU, a pris tous les risques, notamment en exposant ses soldats.
Les raisons d’Obama.
Il y a une très bonne raison à la prudence d’Obama. Il est dans la situation politique inverse de celle de Sarkozy. Sa popularité se situe autour de 50 % et les perspectives de sa réélection pour un second mandat sont bonnes, pour autant qu’il ne donne pas un os à ronger à l’opposition républicaine pendant les dix-huit mois qui courent jusqu’à l’élection présidentielle de 2012 aux États-Unis. En outre, il a fait du respect des choix politiques du monde arabe et de l’absence d’intervention des États-Unis un credo exposé avec force dans son fameux discours du Caire.
Dans la façon dont l’opération a été -brillamment- exécutée, on devine le dynamisme de M. Sarkozy qui, n’ayant pas que des défauts, s’est montré capable à plusieurs reprises, de prendre des décisions rapides, courageuses et parfois même téméraires. Les réserves qu’inspirent sa stratégie ont été nombreuses et assez justifiées : une guerre civile n’est jamais vraiment finie, les partisans Gbagbo continueront à prétendre que M. Ouattara a été élu par l’armée française, et surtout, tout n’est pas blanc ou noir ; le soutien à M. Ouattara est simplement le moins mauvais des choix. L’histoire, cependant, ne retiendra qu’une chose : le résultat des élections en Côte d’Ivoire a été en définitive respecté, en grande partie grâce à la France, laquelle a agi dans un cadre international légal.
LA FRANCE A ACQUIS PROVISOIREMENT UN STATUT SUPÉRIEUR À CELUI QU’ELLE AVAIT
En Libye, la France et la Grande-Bretagne ont poursuivi le pilonnage des positions de l’armée kadhafiste, avec un succès mitigé qui commence à soulever d’amères critiques dans le camp des insurgés. On s’étendra à l’envi sur le poids de armes de Kadhafi, sur le risque de scission de la Libye, sur la faiblesse militaire des rebelles, sur le machiavélisme d’un tyran sanguinaire qui parvient à tirer son épingle du jeu, même dans les circonstances les plus désespérées. Il demeure que les Français et Britanniques se sont placés du bon côté et que Kadhafi méritait la dérouillée qu’il subit en ce moment. La crainte de l’enlisement incite Paris et Londres à exiger de leurs alliés de l’OTAN de sortir de leur apathie. Comme à Abidjan, il est temps de porter un coup décisif à Tripoli.
Fiers de nos armées.
Mais nos alliés européens ou atlantiques ont le sentiment que M. Sarkozy ne cesse, en toute occasion, de les entraîner au-delà de ce qu’ils consentent à faire, c’est-à-dire le service minimum. Dans la guerre civile de Libye, ni les Allemands ni les Italiens ne souhaitaient lever le petit doigt contre le despote de Tripoli. De sorte que la France, pas vraiment soutenue par ses alliés (qui semblent vouloir d’abord voir comment se termine la partie), dotée d’une sorte de délégation de pouvoirs par les États-Unis, soudains saisis par le pacifisme, apparaît comme la seule puissance capable non seulement de gérer deux conflits à la fois mais d’y parvenir avec une méthode légaliste, celle-là même que George W. Bush a rejetée il y a huit ans quand il a voulu envahir l’Irak sans y être autorisé par l’ONU. Notre pays serait donc actuellement et pour une durée non prévisible une grande puissance par défaut ou par procuration. C’est une situation complètement inédite, dont les risques ne sauraient être minimisés, mais que M. Sarkozy, dans les cénacles planétaires sera fondé à rappeler. À quoi il faut ajouter l’admiration que nos troupes nous inspirent grâce à leur efficacité, leur mesure, leur professionnalisme et leur capacité à se préserver elles-mêmes.
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