Un statut maternel faible en vitamine D est fréquent en cours de grossesse. Quels bénéfices pour la santé néonatale faut-il attendre d'une supplémentation des femmes enceintes ? Des gynéco-obstétriciens de Montréal apportent quelques réponses (et beaucoup de questions) dans une large métaanalyse publiée dans le « JAMA Pediatrics ».
D'après les données de 24 essais randomisés et contrôlés, la supplémentation en cours de grossesse est associée à un risque significativement plus faible (de 28 %) de petit poids pour l'âge gestationnel, et cela sans risque pour la mortalité fœtale et néonatale ni de risque d'anomalie congénitale. En termes de patientes à traiter, cela revient à dire qu'il faudrait supplémenter 18 femmes pour éviter un cas d'hypotrophie fœtale.
Un bénéfice sur l'hypotrohie
Si la vitamine D en cours de grossesse est une question de santé publique, les données sur l'effet de la supplémentation sur la santé des enfants à naître restent jusqu'à présent contradictoires. En France, il est recommandé de supplémenter au début du 7e mois de grossesse par une ampoule à 80 000-100000UI.
Dans ce travail, l'équipe du CHU de Sainte-Justine a évalué les effets de la supplémentation sur plusieurs critères : mortalité fœtale et néonatale, hypotrophie, malformations congénitales, admission en réanimation néonatale, poids de naissance, scores d'Apgar, taux en 25OHD et calcémie chez le nouveau-né, âge gestationnel, prématurité, anthropométrie pendant l'enfance, morbidité respiratoire dans l'enfance.
Supplémentation en bolus ou en prises répétées, en début ou en fin de grossesse, à doses inférieures ou supérieures à 2000 UI/jour, à ces points particuliers l'étude a essayé d'apporter des réponses dans des analyses en sous-groupes, sans y parvenir toujours.
Encore beaucoup d'incertitudes
Une supplémentation tardive (>20 semaines d'aménorrhée SA) s'avère améliorer le poids de naissance, ce que ne fait pas une supplémentation précoce (<20 SA). Plus curieusement, l'étude met en évidence qu'une supplémentation pendant la grossesse à des doses faibles, inférieures ou égales à 2000 UI/jour, est associée à une diminution du risque de mortalité fœtale ou néonatale, ce qu'elle ne fait pas à des doses >2000UI/jour.
Dans un éditorial, des chercheurs danois estiment que ces derniers résultats « ne semblent pas biologiquement plausibles et ont une faible puissance statistique ». Les trois scientifiques de Copenhague regrettent également que le taux maternel à l'inclusion n'ait pas été mesuré. « Des aspects importants de la supplémentation en vitamine D restent encore dans l'ombre », écrivent-ils avant de conclure que d'autres essais randomisés bien conduits sont nécessaires « pour décider des recommandations de santé basées sur les preuves pour la supplémentation en vitamine D ».
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