Il règne dans le pays une forte odeur de haines, attisées par des médias en mal d’audience. Haine des pauvres envers les « riches », haine des salariés envers leurs cadres, haine contre les politiques, haine contre les industriels du médicament, haine contre les experts et plus généralement haine contre ceux qui ont réussi. Dans aucun pays on ne trouve plus d’acharnement à détruire, à jalouser, à envier ce qui est dans l’assiette du voisin, quel que soit le mérite de celui qui l’a remplie.
Cette détestation générale est facilitée par les millions de caméras et de micros que constituent les téléphones portables. Ainsi trouve-t-on sur la Toile de quoi lyncher médiatiquement son patron, son voisin ou tel ou tel homme politique. Or la transparence n’est pas toujours un progrès. Il faut laisser à chacun de nous sa petite part d’ombre, ou au moins sa possibilité de défense.
Cette haine est en outre alimentée par certains discours politiques. Jeter l’opprobre sur le chômeur qui « profite », sur l’immigré qui « triche », dans un climat lourd d’incertitudes économiques et politiques, ne peut que nuire à l’unité nationale. Dans notre univers professionnel, l’opprobre sans nuances jeté sur le médicament qui participe pourtant à la fois de la santé publique (l’espérance de vie en France est une des plus élevées du monde) et de l’économie (7 milliards d’euros dans la balance des paiements à l’heure où notre commerce extérieur est si déficitaire), cet opprobre, disais-je, ne restera pas sans conséquence. Les derniers industriels fabriquant en France quitteront un jour le pays pour s’installer au Maroc ou en Chine et plus personne n’osera prendre un traitement mis sur le marché par des experts et prescrit par des médecins sur qui pèse une injuste suspicion sans nuances.
Ce jour-là, nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer…
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