François Hollande a peut-être perdu deux ans, mais, aujourd’hui, il met les bouchées doubles. Son nouveau Premier ministre est la pièce maîtresse d’un plan censé mettre le pays sur la bonne voie, atténuer le chômage, commencer à redresser les comptes et augmenter le pouvoir d’achat. En bonne logique, il a justifié son choix de M. Valls par la compétence et l’autorité du personnage. Manière de dire que Jean-Marc Ayrault manquait de ces qualités et que, après une période de deux ans pendant laquelle il n’a cessé de s’entourer de gens sûrs, c’est-à-dire d’hommes et de femmes en phase avec lui, rarement disposés (sauf dans le cas d’Arnaud Montebourg) à lui tenir la dragée haute, peu enclins à fomenter des révoltes, il aurait compris qu’il lui fallait des gens efficaces susceptibles de tirer le pays de l’ornière et en même temps d’arracher sa présidence à une mortelle neurasthénie.
Mais, voilà : le risque était grand que M. Valls devînt un espoir national, un homme, en quelque sorte, plus doué que le président lui-même. Le Premier ministre n’a d’ailleurs pas fréquenté excessivement les plateaux et studios ces derniers jours, soit qu’il ait assez de travail pour ne pas perdre son temps en discussions stériles, soit que le président lui ait recommandé cette discrétion, soit qu’il ait, de son propre chef, souhaité se consacrer à sa tâche plus qu’à l’exégèse de son travail. Si l’occasion lui en est offerte, M. Valls est prompt à affirmer qu’il ne songe pas un seul instant à l’échéance présidentielle de 2017. Pour le moment, en tout cas, les relations entre le chef de l’État et le chef du gouvernement sont au beau fixe. Si, dans les mois et les années qui viennent, M. Valls échoue, M. Hollande dira peut-être qu’il aura tout fait, et même nommé un Premier ministre susceptible de lui faire de l’ombre et que, décidément, il n’a pas de chance. Si M. Valls réussit, il sera peut-être saisi par le syndrome Balladur, du nom d’un ancien Premier ministre de cohabitation qui avait juré qu’il ne trahirait pas son ami de trente ans mais qui, parvenu à un certain degré de popularité, a voulu tenter sa chance contre Jacques Chirac.
Intimement associés.
La comparaison s’arrête là. Même si l’on souligne, ici et là, les différences de tempérament, de style et de convictions entre M. Hollande et M. Valls, ils seront intimement associés dans le succès ou dans l’échec. Le président n’ignore pas néanmoins qu’il va lui être très difficile de remonter la pente et que les Français pourraient bien attribuer au seul Valls la totalité des résultats positifs qu’il pourrait engranger. C’est ennuyeux pour M. Hollande mais il a battu de singuliers records d’impopularité, à tel point que nombre de sondeurs se demandent s’il sera jamais en mesure de sortir de l’abîme au fond duquel il a sombré et d’où il ne semble pas tiré par la nomination de Manuel Valls qui, dans l’ensemble, représente un joli coup. Voilà pourquoi, en tout cas, sans doute désespéré par une cote inférieure à 20 %, il a décidé d’occuper le terrain, tout le terrain.
L’exercice est pénible. Il lui faut affronter des questions qui contiennent tous les éléments ultra-négatifs de son bilan ou des interpellations de citoyens pleins d’amertume et de rage. M. Hollande fait face avec courage, il parvient même à produire un discours à peu près cohérent. On ne l’envie pas. En attendant le lointain printemps du quinquennat, le ciel reste immuablement sombre.
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