LE PREMIER ministre, Jean-Marc Ayrault, s’est concerté lundi avec les syndicats et le patronat au sujet de la réforme des retraites. Il ne faut pas s’attendre à des décisions fortes. M. Ayrault estime qu’il n’y a pas d’urgence à aborder ce dossier, alors que les prévisions de déficit des régimes de retraite s’aggravent. Le chef de l’État affronte une crise socio-économique faite à la fois de l’endettement et du chômage, mais aussi des difficultés politiques sérieuses dès lors que la grogne s’exprime maintenant dans son propre camp et même parmi ses amis les plus proches. Ségolène Royal estime « qu’on a perdu du temps » mais qu’on peut mettre à profit « les cent premiers jours de la deuxième année » du quinquennat. Ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius dénonce, probablement avec l’aval du président, la cacophonie qui règne au ministère de l’Économie, où l’on trouve sept ministres, mais pas de chef, ce qui n’aura manqué de blesser Pierre Moscovici. On parle de plus en plus d’un remaniement gouvernemental (qui aurait lieu après la grande conférence sociale de juin) et on voit déjà Michel Sapin à la place de M. Moscovici.
Deux écoles.
Il est bon et utile que le président de la République prenne la mesure des obstacles qui jalonnent sa route. La gravité et la durée de la crise, l’absence de résultats au niveau du chômage et de la dette ont déclenché la levée de boucliers à gauche, où l’on critique le gouvernement avec plus de force que l’opposition, pratiquement inerte depuis que ses chefs se livrent une bataille acharnée. M. Hollande, quoi qu’en en dise, a donné un cap à son action : il va prendre son temps pour réduire les déficits publics et il fera des réformes, mais en essayant d’en convaincre les syndicats et l’extrême gauche. La question porte à la fois sur le temps réel dont il dispose, même si la commission européenne a accordé un délai supplémentaire de deux ans pour que la France rétablisse son équilibre budgétaire, et sur le pouvoir de persuasion qu’il peut exercer sur le Front de gauche, sur le PC, sur les Verts et sur la gauche du PS.
C’EST OU BIEN LA RÉFORME, LA VRAIE, OU LA PAIX SOCIALE
Il y a deux écoles : celle des économistes pour qui la France court un très grave danger et doit donc réduire massivement la dépense publique (qui continue d’augmenter) et celle des économistes acquis aux méthodes en cours avant l’adoption de l’euro. Ceux-ci proposent de négliger la dette, de lancer une politique inflationniste qui améliorerait le niveau de vie des Français tout en diminuant la dette de facto, et de favoriser la dépense sociale au détriment de la stabilisation de nos finances. À quoi ils ajoutent que, de toute façon, nous ne pourrons jamais rembourser les quelque 2 000 milliards que nous devons à nos créanciers.
Mais il ne s’agit pas encore de rembourser une telle somme. Il s’agit de cesser d’emprunter pour que la dette n’augmente pas. Pour arrêter de financer nos dépenses sociales avec de nouveaux emprunts, il faut que nous commencions à vivre dans les limites de nos moyens. Ce qui signfie qu’on ne paie pas un sou de plus pour les retraites ou l’assurance-maladie que le budget que nous leur aurons fixé. Jusqu’à présent, nous avons établi chaque année un objectif (ONDAM) pour les dépenses de santé, et il a été plus souvent dépassé que respecté, alors qu’il était réaliste puisqu’il acceptait une croissance annuelle de ces dépenses, que nous avons assurée par l’emprunt.
Le problème vient peut-être de ce que MM. Hollande et Ayrault opposent à la gravité de la crise un langage patelin et rassurant qui n’est pas raiment un instrument de mobilisation. Il existe à gauche un déni des dangers économiques et sociaux très partagé. Le couple exécutif, s’il veut commencer à obtenir des résultats, doit amener cette gauche à résipiscence, l’associer à sa démarche politique, et faire des réformes profondes et utiles. Il a le choix : soit il maintient la paix à gauche, et ses réformes seront superficielles, soit elles sont efficaces et, pour les accomplir, il faudra qu’il se batte.
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