NÉ EN 1865 à Pontarlier, dans le Doubs, Philippe Grenier termine ses études de médecine à Paris en 1889, puis s’installe dans sa ville natale. Il découvre peu après l’Algérie, alors française, et s’enthousiasme pour la culture musulmane tout en étudiant le Coran. Il se convertit à l’Islam en 1894. Il en adopte dès lors le mode de vie, puis se présente en 1896, sans trop croire en ses chances, à l’élection législative partielle de sa circonscription, suite à la mort du député titulaire. Élu contre toute attente suite à une triangulaire, le médecin, qui s’autoproclame « prophète de Dieu », ira siéger à l’Assemblée nationale vêtu à l’orientale. Ses tenues et ses pratiques susciteront d’innombrables articles et commentaires : des hordes de journalistes le suivaient, notamment lorsqu’il allait se laver les pieds dans la Seine, et il fit l’objet de violentes accusations, dont celle d’être fou ou de posséder un harem.
Contre l’alcoolisme.
Plus prosaïquement, il mènera à Paris comme à Pontarlier un combat déterminé contre l’alcoolisme, mais plus pour des raisons médicales et sociales que religieuses. Cet engagement lui coûtera sa carrière : haut lieu de la production d’absinthe, Pontarlier et le Haut-Doubs ne lui pardonneront pas cette « trahison », et il sera lourdement battu aux élections générale de 1898, puis à nouveau en 1902, date à laquelle il se retire de la vie politique. Il se consacrera dès lors uniquement à la médecine et aux soins aux plus démunis, et décèdera à Pontarlier en mars 1944.
Personnage haut en couleurs, volontiers récupéré aujourd’hui par de nombreux opposants à l’actuelle loi sur le voile intégral, le Dr Grenier doit toutefois être remis dans le contexte historique de son temps : en 1896, il s’agit moins pour lui de mettre en avant des convictions religieuses que d’exprimer son rejet du colonialisme et sa volonté de renforcer les droits des Arabes et des Africains vivant dans les colonies françaises. Son engagement religieux était ouvert et modéré, et il reste, par son esprit de tolérance, un symbole républicain encore très présent dans le Doubs : un collège de Pontarlier, et la mosquée de cette ville portent ainsi son nom.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation