HÉTÉROCLITE, la mobilisation médicale? Disparates, les raisons de la colère? Sans doute : la semaine dernière de fait, comme le détaille notre dossier, on a vu défiler dans la rue des internes en souffrance exaspérés par leurs conditions de travail et le non respect de la réglementation dans les hôpitaux, mécontents de leur sort d’observateurs passifs aux négociations caisses/médecins où se joue leur avenir, inquiets de la montée en puissance des mutuelles ou des atteintes supposées à leur liberté d’installation ; mais aussi des chirurgiens, des anesthésistes et des obstétriciens hotiles à l’avenant 8, exprimant un ras-le-bol diffus qui puise sa source dans le retard des tarifs opposables creusé depuis 20 ans, l’explosion des charges et des primes d’assurance, mais surtout le sentiment d’avoir été stigmatisés pendant de longues semaines lors de la négociation sous pression politique de l’encadrement des dépassements. On a vu aussi protester des praticiens « pigeons », des chefs de clinique, des radiologues, des jeunes biologistes, des dentistes ou encore quelques PH...
Derrière ce mouvement sérieux, mais qui n’a pas désorganisé le système de santé français, un point commun : la montée en puissance d’un malaise médical réel même si, y compris au sein de la profession, des voix se sont élevées aussi (chez les PH, les internes de médecine générale...) pour dénoncer un conflit inapproprié en période de crise et d’austérité.
Le ministère de la Santé a pris la mesure du risque politique. Habilement, il a beaucoup consulté, reçu les uns et les autres en délégation, parfois séparément. Le cabinet de Marisol Touraine a initié des groupes de travail, ce qui ne mange pas de pain, promis la publication de textes hospitaliers, donné des gages aux internes... Suffisant ?
Sans réponses à la hauteur, le risque pour l’exécutif n’est pas tant la poursuite des grèves (toujours très difficiles à prolonger dans le secteur privé comme l’ont reconnu lucidement les leaders du mouvement) que celui de se couper, comme d’autres gouvernements par le passé, d’une partie significative du corps médical.
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