LE GOUVERNEMENT israélien ne fait pas de l’intervention militaire contre l’Iran une option facilitée par sa puissance de feu. S’il veut agir vite, c’est parce que, une fois que les bâtiments nucléaires iraniens seront enterrés, ils seront hors de portée de l’aviation israélienne. Barack Obama demande du temps pour que les sanctions économiques adoptées par la communauté internationale produisent leur effet. Les dernières en date sont considérables, mais les précédentes n’ont pas empêché l’enrichissement de l’uranium iranien. Tous les moyens préalables à une guerre ont été employés : des virus informatiques ont freiné sensiblement la dynamique industrielle de l’Iran ; une demi-douzaine de savants atomiques ont été assassinés, sans qu’Israël ne revendique ces crimes et sans que l’administration américaine, qui n’a pas le droit de procéder à de tels assassinats, ne demande de comptes au gouvernement israélien. Les Iraniens se sont d’ailleurs vengés en fomentant des attentat contre les intérêts israéliens en Géorgie et en Inde.
Débat sur la priorité.
M. Netanyahou reproche à M. Obama de ne pas faire de la sécurité d’Israël sa préoccupation majeure. L’Iran dispose déjà de fusées capables d’atteindre le territoire israélien et, s’il disposait d’un seul engin nucléaire, pourrait exercer sur les Israéliens un chantage qui les priverait de toute indépendance, ou les conduirait à l’anéantissement. L’accès de l’Iran à l’arme atomique inciterait en outre les pays du Golfe à se doter de la même arme, et entrainerait une prolifération dangereuse pour la région et le reste du monde. Les Saoudiens, par exemple, dénonceraient violemment un bombardement israélien contre l’Iran, mais n’en seraient pas vraiment mécontents.
Il reste à savoir si une intervention militaire serait durablement efficace. L’analyse la plus fréquente est que le programme iranien serait ralenti mais pas aboli. L’opposition iranienne n’est pas moins nationaliste que les mollahs. Elle se rallierait à une cause sacrée, sachant par ailleurs que, si Téhéran finit par construire sa bombe, il deviendra presque impossible de changer de régime pendant plusieurs années. C’est pour la même raison que le peuple iranien, accablé par les sanctions économiques, avec un rial en chute libre, des difficultés d’approvisionnement en énergie, une paupérisation croissante du pays, n’est pas favorable au blocus. En d’autres termes, Israël peut écarter la menace nucléaire pendant quelques années, mais il contribuerait au renforcement du régime iranien.
ISRAËL ET L’AMÉRIQUE DOIVENT TROUVER UNE DÉMARCHE COMMUNE
Ce sont les arguments invoqués par Barack Obama quand il s’adresse à Benjamin Netanyahou. Le président américain ne veut pas, en outre, renoncer à sa politique étrangère, fondée sur le principe de la main tendue. Elle n’a eu, pourtant, aucun succès auprès des Iraniens, qui ont rejeté le message qu’il leur adressé en 2009 pour qu’ils acceptent de s’asseoir à la table de négociation. Non seulement les Israéliens se méfient de cette politique, mais ils sont si peu confiants qu’ils ont cessé de partager leurs renseignements avec les Américains depuis quelques mois. De sorte que M. Obama lui-même ne sait pas s’il sera prévenu par Israël avant une attaque contre l’Iran. La dégradation des relations américano-israéliennes est d’autant plus anormale que, si Israël se lance dans l’aventure, le Congrès exigera que l’Amérique vole au secours de l’État hébreu, dont personne ne doute qu’il sera bombardé aussitôt par le Hezbollah et le Hamas, qui disposeraient de 200 000 roquettes, capables de faire des ravages et un nombre élevé de victimes. C’est assez dire qu’Israël, en l’occurrence, n’a que le choix entre deux maux : celui d’un Iran nucléaire qui changerait l’équilibre des forces au Proche-Orient, ou celui de bombarder et d’en subir aussitôt les conséquences délétères.
M. Obama, qui s’apprête à lancer sa campagne pour les élections présidentielle et législatives de novembre prochain, ne devrait certainement pas soumettre ses propres décisions à la conception qu’Israël a de sa sécurité. Il risque d’être entraîné dans une guerre qu’il n’aura pas voulue alors qu’il peine à finir le conflit afghan et qu’il extirpe difficilement ses troupes de l’Irak. Il importe qu’il trouve un accord moral avec Israël, même s’il n’est guère enthousiaste au sujet de la politique que poursuit M. Netanyahou. Lequel estime aujourd’hui que, lorsqu’il s’agit d’un danger immédiat, il n’est pas lié par l’alliance américano-israélienne. Souvenons-nous de 1967 : les Israéliens ont lancé une guerre éclair contre les pays arabes, contre l’avis du général de Gaulle. Ils ont gagné cette fois-là. M. Obama semble céder au fatalisme et penser qu’un bombardement israélien de l’Iran pourrait se traduire par une crise circonscrite dans le temps et dans l’espace.
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