Six heures de train pour quinze minutes de discours. En faisant dans la même journée un aller-retour Paris/La Baule (Loire-Atlantique) pour s'adresser aux 120 directeurs et cadres hospitaliers, réunis dans la station balnéaire à l'occasion du 70e congrès du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), la nouvelle directrice générale de l'offre de soins (DGOS, ministère) Cécile Courrèges a voulu marquer le coup et rassurer le secteur.
Alors que les projets médicaux partagés des groupements hospitaliers de territoire (GHT) doivent prendre forme le 1er juillet prochain, les directeurs et managers s'alarment des dysfonctionnements de cette réforme et surtout du manque d'accompagnement des établissements pour la mettre en œuvre. Jeudi, à l'ouverture du congrès, le patron du SMPS Jérémie Sécher, avait même évoqué l'« échec partiel » des GHT, signe du grand malaise des décideurs hospitaliers.
De la souplesse
Ancienne patronne de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, Cécile Courrèges, a assuré aux managers avoir, dès sa prise de fonction au ministère, « rappelé aux ARS qu'elles devaient faire preuve de souplesse sur la date du 1er juillet ». « Le projet médical partagé n'est pas que du papier, c'est la première étape des GHT », a-t-elle expliqué. En clair, il est toujours possible de ralentir le tempo pour ne pas manquer l'objectif principal.
Autre signe d'écoute de la nouvelle administration : la volonté de ne pas rajouter de couches administratives à une réforme structurelle déjà lourde. « Le temps de la réglementation est terminé, a asséné Cécile Courrèges. Deux ans de processus législatif et un an et demi pour achever les décrets d'application… Il faut savoir s'arrêter. C'est une de vos demandes fortes, nous allons nous mettre en situation d'accompagnement. » La nouvelle directrice a tenu à préciser que l'idée d'un modèle unique de GHT à appliquer sans distinction à tous les groupements revenait à faire « fausse route ».
Du lien avec la médecine de ville
Cécile Courrèges a précisé les prochaines étapes dans la mise en place de la réforme. Répondant à une requête du secteur (notamment des fédérations hospitalières), la DGOS travaillera à la création d'un « lien » entre les GHT et les autres offreurs de soins – la médecine de ville et le médicosocial – afin d'améliorer « la cohérence territoriale des différents projets » de GHT. La directrice de l'offre de soins a également évoqué la nécessité de travailler à une meilleure « adaptation des outils de régulation », et notamment les règles de financement et d'autorisation.
Des éléments de financement dans le PLFSS
Plus largement, Cécile Courrèges a évoqué les grandes lignes de la politique qu'elle entend mener dans les prochains mois et dont elle attend des premiers « marqueurs » dès le prochain budget de la Sécu (PLFSS), à l'automne.
Quatre chantiers sont ciblés : le développement de la prévention par « des actions volontaristes » ; le soutien à l'innovation grâce à l'investissement ; la mesure du résultat sur la qualité et la pertinence des soins ; enfin, une « plus grande visibilité pluriannuelle », en particulier sur les dépenses maladie (ONDAM).
« Il ne s'agit pas d'une entreprise de dérégulation mais d'un questionnement systématique sur les organisations qui ne créent pas de valeur ou empêchent l'innovation », a anticipé Cécile Courrèges, dans un discours aux accents macroniens.
« C'était extrêmement important que Cécile Courrèges soit présente à notre congrès », a salué Jérémie Sécher (SMPS), satisfait des « mots de méthode et d'encouragement » prononcés par la DGOS dans son premier discours officiel. Pour aller plus loin, le syndicat des managers a demandé audience à la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
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