Un registre pour l'angioplastie coronaire

La France veut rattraper son retard

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Publié le 11/04/2016
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Les rencontres se poursuivent entre les membres du groupe athérome coronaire et cardiologie interventionnelle (GACI) et les représentants de la direction générale de l'offre de soin (DGOS).

L'objet de la discussion : la mise en place d'un registre national (France-PCI) regroupant les données de toutes les interventions coronaires percutanées réalisées en France, et assurant un suivi à distance des patients à 6 mois et 1 an.

À l’issue de la dernière rencontre entre les cardiologues et les représentants du ministère, « la DGOS a été convaincue de la nécessité d'un registre national et devrait répondre au cours du mois d'avril à notre demande de financement », s'enthousiasme le Pr Pascal Motreff, cardiologue au CHU de Clermont Ferrand et porteur du projet au sein du GACI qu'il préside. Un tel registre nécessiterait un financement de 4 millions d'euros par an.

Inspirations suédoises

Le projet est né d'un constat : la France a beau être le pays européen pratiquant le plus d'interventions chaque année, elle ne dispose pas de registre pour suivre la morbimortalité en fonction des techniques utilisées. France PCI s'inspire de l'initiative du Pr Grégoire Rangé, du centre hospitalier de Chartres, qui a fédéré en 2014 les 6 centres de cardiologie interventionnelles de la région Centre, à l'aide d'un outil informatique lui même s'inspire du registre suédois SCAR.

« On s'appuie sur les modules de saisie de compte-rendus de coronographie des logiciels installés dans les centres de cardiologie interventionnels », précise le Pr Motreff. Il est alors possible d'exporter des données épidémiologiques et procédurales. Afin d'assurer une participation maximale, la récupération d'information est automatique. « Environ 85 % des centres de cardiologie interventionnelle sont équipés de 2 ou 3 systèmes différents conçus pour le transfert automatisé des 150 données prévues dans notre cahier des charges, poursuit le Pr Motreff. Ces invariants sont contraignants mais ils s'acquièrent vite car si on ne les rentre pas, le compte rendu est bloqué par le logiciel. »

90 ARC pour soutenir le projet

Depuis l'expérience menée dans la région Centre, la région Auvergne a emboîté le pas en janvier 2016, tandis que la Bretagne et la Normandie sont également dans le starting-block. La somme sollicitée par le GACI doit servir étendre le dispositif à l'ensemble du territoire et à payer 90 assistants de recherche clinique chargés de contacter les patients pour suivre leur évolution.

Le registre France-PCI poursuit plusieurs buts : le premier, est de donner à chaque centre un retour sur son activité, comme le nombre d'interventions, les méthodes employées, le profil de leurs patients ainsi que le taux de complications et de mortalité à un an. « Il n'est évidemment pas question de permettre aux centres de se comparer directement aux autres, poursuit le Pr Motreff, mais juste de se confronter à la moyenne nationale », explique-t-il.

L'autre enjeu réside dans l'amélioration des pratiques. « C'est la communauté elle-même qui va donner des critères d'évaluation solides comme le délai de prise en charge. Nous ne devons plus laisser à des sources illégitimes comme Le Point ou l'Express », affirme le Pr Motreff.

Le 3e argument est la capacité d'un tel outil à générer des publications. Plus de 40 articles de rang A ou B sont publiés chaque année à partir du registre SCAR. La France pourrait faire mieux compte tenu de son nombre d'interventions 6 fois plus nombreux qu'en suède. Enfin, le registre France PCI doit aussi jouer un rôle de pharmacovigilance vis-à-vis des nouveaux stents et dispositifs qui viendront sur le marché.

France TAVI ne serait pas le premier registre de ce genre géré par le GACI. Ainsi, le registre France-TAVI, spécialisé dans le suivi des remplacements valvulaires aortiques percutanés regroupe maintenant 48 des 50 centres TAVI de France, et rassemble les données de 14 633 patients inclus depuis l'ouverture du registre en 2013.

« Si France-PCI voit le jour, on peut imaginer que les mêmes outils informatiques soient utilisés pour l'ensemble des procédures de cardiologies interventionnelles », explique le Pr Le Breton, du service de cardiologie du CHU de Rennes et investigateur principal de France-TAVI.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9487