Le gouvernement n’avait pas besoin que la construction d’un petit barrage dans le Tarn se transforme en cause sacrée pour les écologistes, à l’instar de l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Il n’avait pas non plus besoin d’une apparente bavure policière qui s’est traduite par la mort d’un jeune manifestant. Il n’avait pas besoin d’un nouveau conflit avec « sa » gauche. La mort du jeune Fraisse a durci les attitudes. Par la bouche de François Fillon, la droite stigmatise à la fois un « drame inacceptable », qu’il met donc au passif du gouvernement, mais aussi la violence qui accompagne les manifestations des défenseurs de l’environnement. Si ce n’était que l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy qui le disait ! Mais c’est aussi le point de vue de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur qui, tout en jurant que les raisons du décès de Rémi Fraisse seraient éclaircies, a dénoncé « l’instrumentalisation politique » qui, selon lui, a été faite du drame, accusant ainsi implictement, lui aussi, les Verts de déclencher des manifestations où les éléments anarchistes et les casseurs ne sont pas contrôlés. M. Cazeneuve a souligné que 56 policiers et gendarmes ont été blessés pendant les manifestations.
La violence, c’est l’autre.
La consternation causée par le mort d’un jeune homme de 21 ans a donc vite laissé la place à la pire des polémiques, celle où le pouvoir et ses opposants s’accusent réciproquement de se livrer à des violences graves et inutiles. M. Bové a contesté non seulement l’utilité du barrage et le refus des autorités d’examiner des alternatives, mais la manière, selon lui brutale, avec laquelle M. Cazeneuve a organisé la sécurité autour du site. Mme Duflot, pour sa part, prononce un anathème : « Une tache indélébile sur l’action de ce gouvernement... Depuis 1986, il n’y avait pas eu mort d’homme dans une manifestation ». Elle rejette toute notion de violence organisée. « Il n’y a pas de maquis de jeunes radicalisés ». Autrement dit, toutes les erreurs viennent des forces de l’ordre, un peu comme si Mme Duflot dénonçait un pouvoir totalitaire. Elle a même déclaré que le ministre de l’Intérieur n’avait pas présenté ses condoléances, ce qu’il a fait pourtant dès lundi soir.
Il est difficile de faire la part entre l’indignation et le calcul politique, dont Cécile Duflot est capable. Il est évident que le drame du Tarn lui donne une occasion unique de discréditer ce gouvernement de Manuel Valls auquel elle a refusé d’appartenir. Elle se consacre donc à l’affaiblissement du pouvoir en place avec un acharnement qui rejoint celui d’un Jean-Luc Mélenchon. Ce qui va sans nul doute inquiéter le président et le Premier ministre, dont la majorité, déjà réduite par l’abstention d’une quarantaine de « frondeurs » socialistes, continue de s’effriter et de compliquer l’adoption du budget de 2015.
Il est probable que la mort de Rémi Fraisse est due à un tir tendu de flashball, ce que l’enquête devrait prouver. Les Verts se sentiront alors renforcés dans la position extrême qu’ils ont adoptée et rejetteront plus facilement encore les accusations selon lesquelles leurs manifestations finissent toujours dans la violence. Il est peu probable qu’ils se réconcilieront avec le gouvernement dans un proche avenir.
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