Le conseil général de Guyane a décidé lundi de suspendre les pulvérisations de malathion utilisé, à titre dérogatoire depuis le 18 novembre, dans la lutte contre le chikungunya, après son classement en cancérogène « probable » par l’OMS.
« Le principe de responsabilité et de précaution nous oblige à suspendre les pulvérisations de ce produit jusqu’à ce que nous ayons la décision de l’État sur ce dossier », a annoncé Alain Tien-Liong, président du conseil général, lors d’une conférence de presse à Cayenne, en présence du préfet de Région et du directeur de l’agence régional de santé (ARS). « Il s’agit d’une décision prise en concertation », a-t-il ajouté.
Le malathion a été autorisé en Guyane à titre dérogatoire à la suite d’un avis du Haut Conseil de la santé publique.
Autorisation à titre dérogatoire
La nouvelle évaluation du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui a classé cinq pesticides et insecticides cancérogènes « probables » ou « possibles », dont le malathion et le Roundup du groupe Monsanto change la donne.
« C’est à chaque gouvernement d’en tirer les conséquences dans sa réglementation. Face à cette information, la Direction générale de la santé a saisi l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour savoir si ce changement de classement était de nature à remettre en cause (la) dérogation interministérielle du 5 août », a déclaré Christian Meurin, directeur de l’ARS. Le 5 août 2014, un arrêté interministériel avait autorisé les pulvérisations du malathion en Guyane à titre dérogatoire pour un délai de 6 mois, dans le cadre exclusif de la lutte contre le chikungunya.
Les ministères de la Santé, de l’Environnement et des Outre-mer avaient co-signé cet arrêté, après avoir consulté pour avis l’ANSES, le Haut Conseil de la santé publique et l’Institut Pasteur de la Guyane. Les associations de défense de l’environnement s’étaient élevées contre l’utilisation du malathion et collectif « Stop au malathion », créé alors, avait lancé à l’été une pétition, signée par un millier de personnes.
Des épandages aériens à Nouméa
La Nouvelle-Calédonie a voulu, pour sa part, solliciter l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avant de décider de suspendre ou pas ses pulvérisations de malathion, ont indiqué mardi les autorités locales. « Nous allons saisir l’OMS pour connaître ses recommandations après cette étude », a déclaré à l’AFP, Jean-Paul Grangeon, médecin-inspecteur de la DASS, ajoutant que le gouvernement local prendrait ensuite une décision. « Il y a deux mois que nous n’avons pas fait de pulvérisations car nous ne sommes pas en période épidémique », a-t-il précisé.
Les épandages aériens de malathion n’ont lieu qu’à Nouméa et de manière ciblée. Elles sont effectuées dans un rayon de 100 mètres autour du domicile d’une personne, déclarée malade de la dengue ou du chikungunya, transmises par les moustiques. Les agents municipaux pulvérisent dans les rues à l’aide de camions spécialement équipés et utilisent ensuite des appareils portables pour traiter le jardin des malades, habillés d’une combinaison. « Ces agents font l’objet d’un suivi médical et épidémiologique, ils sont formés et disposent des équipements de sécurité », a indiqué M. Grangeon.
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