La Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier, en collaboration avec le Conseil national professionnel d'hépato-gastroentérologie (CNPHGE), deux fiches précisant le diagnostic et le traitement de l'infection à Helicobacyer pylori.
L'agence de santé pointe des « écarts » entre les pratiques et les recommandations internationales (Maastricht IV et V). Or « la progression de la résistance bactérienne aux antibiotiques, notamment à la clarithromycine (22 % des souches), implique d'adapter les pratiques diagnostiques et thérapeutiques », explique la HAS.
Les mauvaises pratiques sont multiples : méconnaissance de la recherche d'H. pylori en cas d'antécédent familial de cancer gastrique, réalisation non systématique de biopsies au cours de la gastroscopie, utilisation à tort de la sérologie pour contrôler l'éradication, prescription qui perdure d'une trithérapie probabiliste associant inhibiteur de la pompe à protons (IPP) + amoxicilline + clarithromycine en 1re ligne de traitement, prescription d'un traitement identique en 2e ligne, contrôle de l'éradication non systématique.
Des indications méconnues
La HAS rappelle les indications de la recherche d'H. pylori, notamment un antécédent familial de cancer gastrique et avant la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou d'aspirine à faible dose en cas d'antécédent d'ulcère gastrique ou duodénal. Mais c'est aussi une dyspepsie avec gastroscopie normale, une anémie ferriprive ou une carence en vitamine B12 sans cause retrouvée, un lymphome gastrique de type MALT, avant une intervention bariatrique ou un purpura thrombopénique.
« Il est indispensable d'avoir démontré la présence de l'infection à H. pylori avant tout traitement d'éradication », est-il souligné. La recherche d'une infection à H. pylori repose sur : la sérologie chez les patients ne présentant pas de symptôme digestif suivie d'une gastroscopie avec biopsies en cas de sérologie positive ; une gastroscopie avec biopsies en première intention en cas de symptômes orientant vers une pathologie digestive haute, de facteurs de risque de cancer gastrique, de lymphome gastrique du MALT ou avant une intervention bariatrique prévue. À noter que le test respiratoire à l'urée marquée, bien que performant pour le diagnostic comme le test fécal, n'est remboursé que pour contrôler l'éradication.
Trithérapie guidée, ou à défaut, quadrithérapie probabiliste
« Le traitement n'est pas urgent, est-il noté. En cas de grossesse et d'allaitement, il doit être différé. » Le traitement recommandé est une trithérapie guidée, en fonction de la résistance aux antibiotiques, associant un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) et deux antibiotiques pendant 10 jours.
En l'absence d'étude de la sensibilité aux antibiotiques, le traitement probabiliste fait appel à une quadrithérapie (IPP + 3 ATB), soit une quadrithérapie 14 jours « concomitante » (IPP + amoxicilline + clarithromycine + métronidazole) ou une quadrithérapie 10 jours « avec bismuth » (IPP + sel de bismuth + tétracycline + métronidazole), commercialisée sous le nom de Pylera.
Information capitale pour le succès
Le contrôle de l'éradication doit être systématique au moins 4 semaines après chaque ligne de traitement. Le test respiratoire est performant à condition d'être réalisé au moins 4 semaines après l'arrêt des antibiotiques et au moins 2 semaines après l'arrêt des IPP.
La HAS souligne que « le succès du traitement repose sur l'information du patient, son adhésion au traitement et la prise de celui-ci jusqu'à son terme ». Un document d'information pour les patients devrait être publié en 2018. Pour faciliter la bonne coordination entre les professionnels de santé, la HAS met également à disposition 5 exemples de courrier entre médecin généraliste et gastroentérologue.
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