LES RÉSULTATS obtenus par les chercheurs de l’INSERM (Groupe d’étude de la reproduction chez l’homme et les mammifères) et publiés dans la revue « Occupational and Environnemental Medicine » confirment la nocivité des solvants chez la femme enceinte. Plusieurs études antérieures suggèrent que l’exposition aux solvants serait particulièrement dangereuse chez la femme enceinte et impliquée dans la survenue de malformations congénitales et de fausses couches. Celle de l’INSERM est l’une des premières sur le sujet menées de manière prospective, mesurant l’exposition aux solvants au début de la grossesse, avant la survenue éventuelle de malformations. Dans le cadre de la cohorte, 3 421 femmes, dont 3 005 avaient une activité professionnelle, ont été suivies dès le premier trimestre de leur grossesse par des gynécologues et des échographistes libéraux pour évaluer les conséquences des expositions aux solvants sur le déroulement de la grossesse, son issue et sur le développement psychomoteur de l'enfant.
Au moment de l’entrée dans l’étude, 30 % des femmes de la cohorte ont déclaré avoir une exposition régulière à au moins un produit contenant des solvants sur leur lieu de travail. Les métiers exposés sont principalement ceux du secteur de la santé (infirmières, aides-soignantes), de l’entretien (femmes de ménage), les travailleuses de laboratoire ou les métiers de la coiffure/esthétique.
Une relation dose-dépendante.
Les résultats montrent une relation dose-dépendante entre la fréquence de l’exposition professionnelle aux solvants au début de la grossesse et l’apparition de malformations majeures. Les malformations à la naissance sont assez rares et concernent globalement de 2 à 3 % des nouveau-nés. L’étude montre que chez les femmes les plus exposées, le risque de donner naissance à un enfant présentant une malformation congénitale est significativement augmenté par rapport à des femmes non exposées (environ 2,5 fois plus élevé). Les malformations concernées sont principalement les fentes orales (becs de lièvre), les malformations du rein et des voies urinaires et les malformations génitales du garçon.
Pour les chercheurs, il est essentiel d’identifier précisément les caractéristiques des solvants mis en cause dans ces anomalies du développement intra-utérin et les autres expositions présentes dans les métiers concernés. Des analyses complémentaires sont actuellement en cours, avec notamment des dosages de biomarqueurs de solvants à partir des urines prélevées chez les femmes enceintes au début de grossesse. Les auteurs conseillent de réaliser une évaluation du risque de développement anormal de l’embryon auprès des médecins du travail en début de grossesse pour les femmes exposées et, dans certaines situations, un changement de poste le plus tôt possible.
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