Nouvelle stratégie de prévention contre le VIH, la prophylaxie pré-exposition - ou « PrEP » - a continué de faire son chemin tout au long de l'année 2016.
Après les services français de maladies infectieuses, ce sont les centres de santé sexuelle – les CeGIDD (centres gratuits d'information, de diagnostic et de dépistage du virus VIH, des virus des hépatites et des IST) - qui ont commencé à proposer ce type spécifique de consultations depuis le mois de juin 2016. Le principe de la PrEP ? Proposer à une personne qui n'a pas le VIH, et qui n'utilise pas systématiquement de préservatif lors de ses rapports sexuels, de prendre un médicament antirétroviral afin de réduire, voire d'empêcher le risque de contracter le VIH. Pour le moment, le seul médicament utilisé dans le cadre de la PrEP est le Truvada, une association de deux anti-VIH, l'emtricitabine et le ténofovir disoproxil. S'inscrivant dans une démarche de santé sexuelle globale, la PrEP a connu un développement certain ces derniers mois, avec une demande parfois nettement plus forte que l'offre… Conséquences : des services de maladies infectieuses surchargés, et des délais d'attente parfois problématiques.
Activité chronophage
Depuis l'ouverture de sa PrEP en décembre 2015, l'hôpital Tenon (AP – HP) a atteint son rythme de croisière, avec 30 à 40 mises sous PrEP par mois, pour une file active de 158 patients. Avec la consultation ouverte par le Pr Jean-Michel Molina à l'hôpital Saint-Louis, Tenon représente les deux tiers de la patientèle mise sous PrEP en France. Un rythme qui devient difficile à gérer pour les équipes. « Nous avons doublé les plages horaires, et malgré cela, il y a tout de même un mois d'attente pour obtenir un rendez-vous », expliquait le Pr Gilles Pialoux, de l'hôpital Tenon, en juin dernier. À Paris, l'incidence chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) est de 9 % : cela peut donc se jouer à un ou deux mois près. En outre, dans la mesure où chaque rendez-vous dure au minimum 1h ou 1h30, cette activité se révèle chronophage… Ce d'autant plus qu'elle n'a jusqu'alors bénéficié d'aucun moyen supplémentaire – humain ou financier –, en dehors du soutien actif de l'association AIDES.
Implication des acteurs
Dans ce contexte, l'intégration des centres de santé sexuelle dans le dispositif est une excellente nouvelle. Le décret officialisant la démarche a été publié au « Journal Officiel » le vendredi 10 juin : il stipule que les Centres gratuits d'information, de diagnostic et de dépistage du virus VIH, des virus des hépatites et des IST (CeGIDD) sont désormais habilités à dispenser la PrEP. Le Pr Molina a salué cette évolution, tout en soulignant qu'« il va falloir envisager que d'autres acteurs puissent être impliqués dans le renouvellement des prescriptions, notamment les médecins de ville ». Une mobilisation d'autant plus nécessaire que les consultations sont pour l'instant utilisés par les HSH, alors-même que d'autres publics devraient pouvoir y accéder. À Tenon, à titre d'exemple, il aura fallu six mois pour que la PrEP accueille sa première femme. Les autres publics « cibles » – couples sérodiscordants, multipartenaires, consommateurs de drogues – n'ont pas (ou très peu) été touchés par le dispositif durant la première moitié de l'année 2016. Un constat qui devrait s'améliorer grâce à l'augmentation du nombre de consultations PrEP.
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