DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOUS SAVONS bien que la réponse à l’épidémie est d’abord politique. » Dans son discours d’ouverture au congrès national d’AIDES, qui se tenait à Lyon pour la troisième fois depuis la création de l’association en 1984, son président, Bruno Spire, a d’emblée fait part de son inquiétude vis-à-vis de la politique actuelle qui, selon lui, ne se montre pas à la hauteur des enjeux de cette fin d’épidémie. Face aux 386 participants, qui l’ont gratifié d’une ovation debout, il a notamment dénoncé les restrictions du droit au séjour des étrangers malades, mesures qualifiées de « xénophobes », l’augmentation du reste à charge pour les malades chroniques et, surtout, la diminution jugée « inquiétante » des budgets dédiés à la prévention du Sida. Quelques minutes auparavant, Marie Suzan, présidente d’AIDES en Rhône-Alpes Méditerranée avait également déploré la diminution des crédits destinés à la prévention, crédits qui, « au mieux, seront de 1 million d’euros sur les 5 millions prévus », avait-elle précisé.
À crédit.
Près de trente ans après l’apparition des premiers cas de sida, les militants d’AIDES affirment donc se trouver dans une situation « paradoxale » de diminution drastique des financements, alors même que la perspective de mettre fin à l’épidémie est devenue une échéance réaliste. La secrétaire d’État à la Santé a confirmé que son ministère devait « participer aux efforts de réduction de la dette publique » et que les subventions aux associations accuseraient une diminution de 2 à 14 %, selon les cas. Aussi, Vincent Pelletier, directeur d’AIDES, a-t-il saisi l’occasion offerte par le congrès pour directement interpeller la secrétaire d’État : « J’entends la restriction budgétaire, mais je ne comprends pas l’irresponsabilité qui consiste à nous dire, seulement au mois de juin, comme c’est le cas en en Île-de-France, que nous aurions 500 000 euros de subvention en moins. Y a-t-il un désintérêt ou une volonté de fermer AIDES ? » Nora Berra s’est voulue rassurante : « Les associations sont nos partenaires et nous devons continuer de travailler ensemble », a-t-elle répondu. Elle a promis de questionner « l’administration, dès cet après-midi », sur les raisons pour lesquelles cette dernière aurait laissé des associations s’engager, sans budget, dans des actions.
Sur le registre sensible du soin aux malades d’origine étrangère, la secrétaire d’État a préféré souligner « la mobilisation » de son ministère. Une circulaire, en cours de rédaction, doit être envoyée aux Agences régionales de santé (ARS) afin que ces dernières puissent « évaluer au plus juste » la situation sanitaire des personnes concernées. « Je ne veux pas qu’il y ait de disparités d’une région à l’autre et il y aura un strict respect du secret médical dans l’avis qui sera transmis par l’ARS au préfet », a assuré Nora Berra.
Enfin, elle a annoncé que les appels à projets, destinés à promouvoir le dépistage grâce au test rapide d’orientation diagnostique (TROD), seraient lancés sous une quinzaine de jours.
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