LA SANTE EN LIBRAIRIE - Sexe, plaisirs et société

À la recherche du désir perdu

Publié le 31/05/2011
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UN RAPPEL historique sur la construction sociale de la notion d’addiction tout autant qu’une lecture critique de la médicalisation des nouvelles dépendances avec ou sans drogue permettent aux auteurs d’analyser la notion de désir et ses troubles. Addiction, qu’il s’agisse d’addiction aux drogues, au sexe, à l’image ou au jeu, et défaut de contrôle de soi constituent notre « ultramoderne maladie du désir » dans un monde où « l’éthique de la consommation tend à supplanter celle de la production », expliquent M. Valleur et J.-C. Matysiak.

À l’heure de la « jouissance sans entrave » et de l’accès au plaisir comme norme sociale, chacun est censé se fixer ses propres limites, savoir à la fois chercher le plaisir et la sensation forte tout en se conduisant en « consommateur avisé, rationnel et raisonnable ». Certains y parviennent indéniablement mieux que d’autres… Addiction au sexe, aux jeux d’argent ou aux jeux vidéo constituent d’excellents indicateurs des paradoxes de notre société consumériste et reflètent bien des maladies du désir, disent les auteurs, et, d’une certaine façon, « l’addiction vient marquer la limite que pose la société à une consommation sans frein ».

L’adieu aux armes.

Débordée, la société a alors créé les « addictologues », prêtres modernes pas toujours conscients des enjeux éthiques et sociétaux de ces nouvelles pathologies. Au plus près, dans leur pratique quotidienne, de ces troubles, les deux psychiatres n’en contestent pas la réalité ni la légitimité qu’il peut y avoir à les prendre en charge mais analysent leurs limites et leurs frontières avec ce qu’il est convenu d’appeler la morale. Parallèlement, sans regretter le « monde victorien de la névrose », qui tenait pour pathologique la masturbation et déniait tout plaisir aux femmes, ils soulignent en quoi le « droit à la jouissance » ne saurait se suffire à lui-même mais doit se « conjuguer au droit et au devoir d’assumer son humanité et une liberté qui dépasse le simple pouvoir de consommer ou de prendre du plaisir ». Pour redonner au désir son sens et sa capacité à générer du bonheur.

La violence des hommes envers les femmes ne se réduit pas aux coups : elle peut être plus discrète, plus quotidienne, plus sourde, explique Philippe Brenot. Ces violences ordinaires, creuset des échecs relationnels, sont les héritières de la domination masculine aveugle à l’existence féminine, analysent le psychiatre et sexologue. L’ébranlement de l’ordre masculin par le féminisme occidental n’a pas réglé la question, loin s’en faut, dit-il. « La voie d’avenir n’est certainement pas dans la recherche illusoire d’une symétrie perdue, l’artifice androgyne de l’homme-femme. L’avenir est au contraire dans l’abandon des armes et la reconnaissance des différences. » Dans cet objectif, l’auteur, qui est aussi thérapeute de couple, propose quelques pistes pour aider les hommes, et les femmes, à inventer de nouvelles manières d’être ensemble.

Marc Valleur, Jean-Claude Matysiak, « le Désir malade », JC Lattès, 250 p., 17, 90 euros.

Philippe Brenot, « les Violences ordinaires des hommes envers les femmes », Odile Jacob Poches, 213 p., 7,12 euros.

Dr CAROLINE MARTINEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8974