NOUS NE SAURIONS limiter cette longue conférence de presse au style du président. Il a eu le courage insensé de tenir plus d’une demi-heure sur le G8 et G20, sujets peut-être d’importance vitale mais très soporifiques qui ne stimulaient guère l’ardeur dialectique des journalistes. On a quand même retrouvé le Sarkozy que l’on connaît lorsqu’il a abordé les sujets diplomatiques. Il a attribué le manque de réactivité de son gouvernement à la révolution tunisienne au « poids de l’histoire », et au fait que l’ancienne « puissance coloniale est toujours illégitime à prononcer des jugements ». Il a eu des mots très forts au sujet du terrorisme et des otages français, et exprimé la conviction que le moindre signe de faiblesse de la France se traduirait aussitôt par de nouvelles attaques contre les intérêts de notre pays. Il nous a assuré que les sept otages français actuellement détenus sont tous en vie. Il a dénoncé l’absence de progrès dans les négociations au Proche-Orient et affirmé que la crise libanaise résultait du conflit israélo-palestinien.
Un candidat tout neuf.
On n’avait pas du mal à le rejoindre quand il s’écriait : « Tout le monde sait qu’il y aura un État palestinien, tout le monde sait quelles en sont les frontières ». On n’avait pas envie de provoquer une querelle sur la bonne façon de libérer des otages. On acceptait ses excuses au sujet d’un désespoir des Tunisiens « dont nous n’avons pas pris la juste mesure ». On était d’autant plus favorable à ses idées sur la régulation des transactions financières qu’on n’avait guère envie d’ouvrir un débat sur le sujet. Mais cette prestation médiatique avait un objectif : montrer que, après le président incorrigible, il y avait un candidat tout neuf, légitimé par plus de trois ans aux affaires, par un langage châtié, par l’équilibre des propos. Quand une question lui paraissait absurde (il y en eut), il se retenait pour ne pas exploser et redisait à voix haute que les questions, fussent-elles incongrues, faisaient partie de la règle du jeu. De sorte que toute l’affaire n’avait qu’un objectif qui, si l’on écarte l’excellente connaissance que M. Sarkozy a des dossiers, se résume au renforcement espéré d’une popularité particulièrement basse. En se montrant sous un jour plus favorable (mais moins distrayant), Nicolas Sarkozy va-t-il faire remonter sa cote, et trouver les forces qui lui manquent pour l’emporter au second tour ?
C’EST LA POLITIQUE INTÉRIEURE QUI DICIDERA DU SORT DE SARKOZY
C’est le début d’une longue marche dont il se serait épargné la peine s’il avait adopté ce style dès 2007. Pour les mois qui viennent, il faut plus à M. Sarkozy que de bonnes notes aux examens de communication. Il lui faut des résultats, ceux qu’il annonce au G8 et G20, mais qu’il n’est pas sûr d’obtenir ; et il lui faut, surtout, créer assez d’emplois pour que les Français retrouvent une partie de la confiance qu’ils ont perdue. C’est seulement dans ces conditions qu’il pourra livrer bataille avec un peu d’espoir. On admettra qu’il ne se laisse pas abattre par des sondages catastrophiques pour lui, qu’il sait faire bonne figure dans l’épreuve, qu’il a eu à gérer une crise mondiale qui dépassait son gouvernement. Mais c’est justement parce que son emprise sur l’économie est faible ou nulle qu’il devrait conduire une politique plus consensuelle. Or, en dehors de la Tunisie, les choix français de politique extérieure ne donnent pas lieu à des querelles avec l’opposition. C’est sur la gestion du pays, sur la répression de la délinquance, sur l’idée de placer des citoyens dans les tribunaux jusqu’à présent réservés aux seuls magistrats, sur une façon de gérer la SNCF et la RATP qui a abouti à des retards intolérables, sur une suppression de la formation des enseignants qui a jeté un grand désordre dans les classes, qu’il doit se faire entendre et ajuster ses réformes pour qu’elles n’entraînent pas de dommages collatéraux. Le temps presse. Il y a des raisons précises, bien circonscrites, faciles à énumérer pour la chute de popularité de M. Sarkozy. Et, non, il n’est pas inutile qu’il ait tenté, lundi, de faire oublier les vulgarités de ses trois premières années de mandat. En tout cas, c’est dans les domaines où les Français ressentent une injustice que M. Sarkozy doit intervenir. Avant qu’il ne soit trop tard.
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