UNE QUESTION lui est posée sur les européennes, mais elle l’écarte aussitôt. Si Martine Aubry a invité la presse au siège du parti socialiste, mercredi, c’est pour parler de la réforme de l’hôpital. « L’heure est grave », pose-t-elle en préambule.
La première secrétaire du PS, entourée de dix-huit maires de grande ville, tous présidents de CA de CHU, a démonté point par point le projet de loi. Dans une résolution que tous ont signée, le PS demande la levée de l’urgence sur le texte. L’espoir est mince. « Vraisemblablement, le retrait de l’urgence ne sera pas d’actualité. Nous (les sénateurs socialistes, ndlr) allons nous battre pied à pied, amendement par amendement, pour défendre au mieux l’hôpital public », déclare Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat. Les amendements gouvernementaux sur les CHU, que seuls les sénateurs examineront, ont achevé d’ulcérer le PS. Jean-Pierre Bel dénonce un « déni de démocratie ». La députée Marisol Touraine s’interroge : « Nous ne savons pas comment l’examen par la commission mixte paritaire est possible, car nous aurons deux textes, un de l’Assemblée, l’autre du Sénat, qui n’auront rien à voir ».
De son côté, Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, met en garde les médecins hospitaliers : « Même s’il y a eu des avancées sur la gouvernance des hôpitaux, la logique financière reste à l’uvre, et le vrai patron de l’hôpital sera le directeur de l’Agence régionale de santé ». « C’est le mode de fonctionnement sarkozyen : on règle tout d’en haut. (...) Cette vision autoritaire de la gouvernance ne règle rien », fustige Martine Aubry.
Bataille de chiffres
Au delà des critiques, que propose le PS ? Ni plan détaillé, ni mesures techniques, mais l’ouverture d’un débat national pour redéfinir la place et le financement de l’hôpital public. Martine Aubry veut changer de cap. « La logique idéologique à l’uvre, c’est de réduire les effectifs et le service public, dit-elle . On demande à l’hôpital d’augmenter son activité et après on baisse ses tarifs, ce qui accroît son déficit. Tout ça avec un seul but : montrer que l’hôpital est mal géré ». Conclusion : « L’hôpital public n’a pas les moyens de fonctionner ».
Entre l’opposition et la majorité, la bataille des chiffres fait rage. À Nancy mardi, Nicolas Sarkozy en a cité quelques uns : 100 000 personnes de plus à l’hôpital en dix ans, 2 milliards d’euros de plus pour l’hôpital en 2009, 10 milliards pour les investissements hospitaliers sur cinq ans. Mensonge, s’étrangle le parti socialiste. Hôpital 2012 ne représenterait à ce jour que 2,5 milliards d’euros, selon Martine Aubry. Côté effectifs, les maires ont rappelé que des centaines de suppressions de postes sont prévues dans les CHU en 2009. « Le CHU de Caen a adopté un contrat de retour à l’équilibre en 2008. Depuis on a augmenté notre activité et mieux codifié les actes, expose Philippe Duron, maire de Caen . Et pourtant le déficit augmente à cause de la T2A. Et maintenant, on supprime 200 postes ». « Nicolas Sarkozy devrait apurer les 412 millions de déficit des CHU, enchaîne le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret . Qu’est-ce que c’est par rapport aux dizaines de milliards d’euros de déficit public ? "Peanuts"! ». À Lille, a précisé Martine Aubry, le CHU n’a reçu que le tiers du financement correspondant à son activité de recours. « Ce n’est pas une politique de santé, mais une politique comptable. De petit comptable », a conclu la première secrétaire du PS.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation