LES MÊMES ont oublié qu’ils étaient totalement hostiles à une intervention en Irak en 2003. Certes les Irakiens n’avaient pas tenté de chasser Saddam Hussein, mais, tout au début, ils ont réservé un accueil chaleureux aux troupes américaines. Ce qui n’a pas empêché Dominique de Villepin d’obtenir un triomphe à l’ONU lorsque, dans un discours magnifique, il s’est dressé avec l’énergie qu’on lui connaît contre les préparatifs de guerre des États-Unis. De son côté, Jacques Chirac, grâce à sa diplomatie non-interventionniste, est devenu très populaire. Il est encore loué et remercié, à droite comme à gauche, pour avoir su éviter une guerre de trop à la France. On ne voit pas très bien ce qui différencie l’Irak d’alors et la Libye d’aujourd’hui, et on sait que, si l’OTAN n’était pas intervenue en Yougoslavie, la Bosnie et le Kosovo seraient aujourd’hui des terres brûlées. Dans l’opinion publique sinon dans l’esprit de nos diplomates, il existe donc une confusion au sujet d’une crise qui justifierait une intervention étrangère et une crise qui ne la justifierait pas.
Du scandale à la générosité.
C’est l’émotion populaire qui donne le la. Versatile, oublieuse de l’histoire récente, mal informée, elle jugera alternativement que l’offensive des GIs en Irak est un scandale, mais qu’une attaque de la Libye par l’OTAN, avec le blanc-seing de l’ONU bien sûr, serait logique. Ou plutôt morale. Tout à coup, la crainte d’enlisement dans les sables du Fezzan disparaît alors que toute la France grogne à propos de nos pertes en Afghanistan. Bref, cela dépend des jours. Nous sommes tantôt interventionnistes, tantôt repliés sur l’Hexagone. Bernard-Henri Lévy rentre de Libye et rapporte ses impressions. Il n’a jamais varié. Il n’était pas favorable à la politique irakienne de Bush mais il a milité avec passion pour la Bosnie et le Kosovo. Il estime que les Libyens peuvent conquérir le pouvoir mais qu’ils sont freinés par l’aviation de Kaddafi. Il se prononce donc dans un premier temps pour la fameuse « zone d’exclusion aérienne », c’est-à-dire l’interdiction faite aux avions de survoler le territoire libyen. D’abord cette démarche réclame des moyens considérables dont seuls les Américains disposent ; ensuite c’est un acte de guerre. Zone de non-exclusion, cela signifie que si un avion de Kadhafi décolle, il doit être abattu. Rien ne nous garantit d’ailleurs que, peu à peu, les forces de l’OTAN ne s’engagent pas dans des combats terrestres.
AFGHANISTAN OU LIBYE, C’EST LE MÊME COMBAT
Ambiguité du devoir d’ingérence.
Nicolas Sarkozy a choisi, en 2007, de faire une politique étrangère différente de celle de M. Chirac. Il s’est rapproché de George W. Bush, encore au pouvoir. La France a réintégré le Pacte Atlantique. Il a envoyé à Bagdad un ambassadeur qui approuvait l’invasion de l’Irak par les forces anglo-américaines. Mais est-il interventionniste ou non ? Il ne cesse de réitérer son engagement en Afghanistan bien qu’il nous coûte cher en soldats, mais il n’a aucune envie d’aller sauver la mise aux insurgés libyens. Pourquoi l’opinion est-elle lassée par l’Afghanistan mais prête à en découdre avec Kadhafi ? Et qui est maître du choix ? Les Français ou leur président ? De telles décisions ne sauraient être prises, en tout cas, sous l’emprise de l’émotion. On a, par exemple, vivement reproché à M. Sarkozy d’avoir invité Kadhafi pour une visite d’État à Paris mais on oublie de dire que cela faisait partie du marché qui a permis la libération des infirmières bulgares qui, à leur retour en Europe, ont été applaudies par tous les peuples. À l’époque, des femmes innocentes ont pu être libérées parce que nous respections les droits de l’homme mais il nous a fallu recevoir un homme qui bafouait ces mêmes droits. C’est toute l’ambiguité du devoir d’ingérence, tantôt mis en application, tantôt mis de côté. Nous ne devons jamais oublier à quoi nous nous exposons si notre préoccupation unique est de faire triompher les droits de l’homme.
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