Le caractère des hommes et des femmes qui nous gouvernent n’est pas sans effet sur la qualité de la politique qu’ils appliquent. M. Valls est un homme décidé qui remplace un autre homme dont l’indécision reflétait celle du président et dont les références réitérées aux « valeurs » sombraient dans la mélasse de la crise. Le nouveau Premier ministre est de ceux qui raccourcissent la distance entre les paroles et les actes, qui ne croit pas trop au « réenchantement du rêve français » et qui veut associer son nom à des réformes essentielles. Il serait plus à l’aise dans une autorité sans balises, qui ne dépendrait pas de celui qui l’a lui accordée et des rapports de forces entre la gauche de la gauche, les écologistes et lui-même. Il arrive au pouvoir avec une popularité moins élevée qu’il y a quelques mois, après de vives querelles avec quelques ministres et après les jugements diffamatoires lancés par Cécile Duflot ou par Jean-Luc Mélenchon.
Mais sa tâche sera moins compliquée par ses ennemis que par la feuille de route contradictoire présentée lundi soir par François Hollande. Le président a promis des baisses de charges et d’impôts et ajouté un pacte de solidarité au pacte de responsabilité, qu’il maintient. Il a vaguement laissé entendre qu’il se tournera vers l’Europe pour demander un nouveau délai dans la réduction des déficits publics. En effet, il ne peut pas répondre à l’appel du peuple sans lui lâcher un peu la bride. Donner aux classes pauvres et moyennes un peu plus de pouvoir d’achat, cela se compte en milliards d’euros qui ne peuvent provenir, au niveau de fiscalité où le pays est parvenu, que d’une compression considérable des dépenses sociales ou d’un moratoire provisoire sur la diminution de la dépense. Comme la réduction des remboursements ou prestations annulerait celle des impôts, elle représente une option impossible.
Il faut de la croissance.
Le président de la République et son nouveau Premier ministre ne réussiront que si la croissance s’accélère. Le succès ne consiste pas à faire du pays un nouveau paradis mais à accomplir des progrès suffisants pour que renaisse l’espoir. Le soir du second tour, on a beaucoup parlé de « vision » absente, de désordre dans la conduite des affaires et dans la communication, de rivalités au sein du gouvernement faisant bon marché des intérêts du pays, mais tout le débat philosophique, historique et même métaphysique sur ce que nous sommes devenus et sur la direction que nous devons prendre aurait infiniment moins d’importance si une vive croissance avait succédé à la crise. Le dilemme est simple : il faut de la croissance pour éponger la dette publique, et la réduction de la dette tue la croissance. C’est une donnée statistique sinistre qui concerne n’importe quel gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche. M. Valls, s’il décidait seul, mettrait fin aux 35 heures et à l’ISF, détaxerait les heures supplémentaires, accentuerait la baisse des charges. Sous la houlette de M. Hollande, il n’en fera rien. Il devra complaire à ces écologistes qui l’ont traité sans le moindre égard, se garder des sirènes mélenchonistes ou communistes, respecter les Montebourg et aux autres Hamon qui, au sein du gouvernement, exigeront toujours plus pour le peuple.
C’est une course contre la montre : ou bien MM. Hollande et Valls sont capables de produire des résultats à la fin de 2016, ou bien non. Le pari n’est pas complètement impossible, mais il repose moins sur la qualité des hommes aux manettes, moins sur leurs décisions compliquées, moins sur cette responsabilité mêlée de solidarité, que de la conjoncture économique.
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