POUR PASSER à la contre-offensive, Kadhafi avait besoin du concours de l’armée et, notamment de ses pilotes, qui ont bombardé des civils, ce qui est d’une surprenante cruauté. Pourquoi l’armée régulière s’est-elle rassemblée autour du dictateur alors qu’il semblait assez désespéré pour utiliser des mercenaires, c’est simplement incompréhensible. Le reste est facilement explicable : la supériorité des armes des loyalistes a fait le sale travail dans un pays plat et sablonneux qui se prête fort peu à la guerilla.
La communauté internationale pensait qu’elle ferait, en Libye, une aussi bonne affaire qu’en Tunisie et en Égypte, que Kadhafi serait vaincu par les insurgés sans que l’Europe ou les États-Unis n’eussent à intervenir. On a reproché à Nicolas Sarkozy d’avoir reconnu prématurément le Conseil national de transition (CNT) et son initiative est tombée à l’eau au sommet des 27 à Bruxelles. Il avait pourtant raison. Il a pressenti que la crise libyenne n’était pas jouée d’avance, que les insurgés étaient en grand danger d’être battus et que les Occidentaux devaient renforcer le mouvement de libération par tous les moyens possibles. Avec David Cameron, Premier ministre britannique, il est le seul à avoir adopté cette position. En définitive, aussi bien à Bruxelles qu’au G8, toute forme d’intervention, la création d’une zone d’exclusion aérienne ou un débarquement, a été écartée.
Kadhafi encore fréquentable ?
Manque de courage ou manque de cœur ? Sans doute les deux, avec des degrés variables selon les pays. Angela Merkel n’a aucune envie d’engager les forces allemandes dans une nouvelle aventure, alors qu’elle souhaiterait les rapatrier d’Afghanistan. Les plus cyniques sont les Italiens. Devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée, le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, a expliqué que non seulement il n’était pas question d’intervenir mais, pratiquement, qu’il fallait poursuivre les travaux d’infrastructure en Libye. Autrement dit, Mouammar Kadhafi ne serait pas le diable et il nous faudra avoir assez d’indulgence pour lui pardonner une guerre qui lui a permis d’écraser son propre peuple afin de garder le pouvoir. Franchement, c’est écœurant ; et on imagine déjà les critiques qui vont pleuvoir sur le chef d’État, parce qu’il a sacrifié de bons contrats à la défense des insurgés et à la reconnaissance d’un CNT éphémère.
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE A ABANDONNÉ LES INSURGÉS
On est également surpris du silence de l’Amérique dans cette affaire, alors que Barack Obama était parvenu à accompagner les révolutions tunisienne et égyptienne par des propos aimables pour les révolutionnaires et pour le principe d’un soulèvement que rend indispensable l’absence de règles démocratiques. En dehors de l’Italie, dont le gouvernement Berlusconi entretient des liens étroits avc Kadhafi, les autres États européens ont refusé l’aventure militaire plus qu’ils n’ont abandonné la révolution libyenne. Mais cela revient au même. On mesure combien il est difficile, pour l’Union européenne, pour l’OTAN, pour le Conseil de sécurité de l’ONU de faire rapidement le bon diagnostic et de prendre une décision dans l’urgence. Tout le monde réfléchit à la meilleure décision pendant que Kadhafi, lui, ne perd pas de temps et assassine les Libyens. Enfin, on répète à l’envi que la Russie et la Chine ne risquaient pas d’approuver une intervention militaire et que, dès lors, l’initiative de M. Sarkozy n’avait aucune chance d’aboutir. Si Moscou et Pékin sont toujours du côté du pouvoir en place, est-ce que cela ne signifie pas qu’il faudra, d’une manière ou d’une autre, se passer un jour de leur concours ? Jamais, depuis le Biafra, les droits de l’homme n’ont été aussi violemment bafoués alors que, dans le cas de la Libye, ils devaient former le socle d’une action militaire.
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