« C'est une bonne nouvelle : l'activité de greffe d'organes est repartie à la hausse en 2019, avec près de 100 greffes supplémentaires par rapport à 2018 », a annoncé Emmanuelle Cortot-Boucher, directrice générale de l'Agence de la biomédecine (ABM). L'année 2018 avait été marquée par une baisse de 5 % de l'activité après plusieurs années de hausse.
Avec 5 897 greffes estimées pour l'année 2019 (chiffres non définitifs), « la hausse n'est pas aussi forte que souhaité (+1,6 %), mais elle montre la mobilisation forte des équipes », souligne la directrice générale. En 2017, le seuil des 6 000 greffes avait été atteint.
+63 % de prélèvements Maastricht III
Les dons de type Maastricht III, qui consistent à prélever les greffons sur des personnes décédées à la suite d’un arrêt cardiaque contrôlé après une limitation ou un arrêt des thérapeutiques, ont connu une hausse importante de 63 % entre 2018 et 2019.
« En France, nous avons placé la barre très haut en termes de qualité pour les greffons Maastricht III. Alors que ces organes peuvent souffrir de l'arrêt cardiaque, le protocole français repose sur un ensemble de techniques de préservation qui permettent d'obtenir d'aussi bons résultats que lorsque le greffon est issu de donneurs à cœur battant », souligne le Pr Olivier Bastien, directeur Prélèvement Greffe organes-tissus à l'ABM.
Le nombre de greffes réalisées à partir de donneurs en état de mort encéphalique stagne en revanche. La baisse des accidents traumatiques et une meilleure prise en charge des AVC ont fait diminuer leur nombre. « Les nouvelles techniques invasives permettent de sauver un certain nombre de patients. Pour d'autres, le geste réalisé initialement empêche l'évolution vers une mort encéphalique rapide, mais ces patients peuvent toutefois décéder des séquelles de l'AVC et peuvent alors devenir des donneurs de type Maastricht III », précise le Pr Bastien.
À ce jour, 35 hôpitaux sont habilités à effectuer des prélèvements de type Maastricht III (contre 26 fin 2018). « Nous attendons encore que d'autres grands centres hospitaliers mettent en œuvre ce type de prélèvement », note le directeur Prélèvement Greffe.
Le nombre de donneurs vivants en baisse
« La question qui nous inquiète le plus, et qui n'est pas spécifique à la France, c'est l'évolution du nombre de greffes rénales issus de donneurs vivants », poursuit le Pr Bastien. Le nombre de ces greffes est de 508 en 2019 alors qu'il avait atteint 611 en 2017. Les greffes issues de donneurs vivants sont pourtant celles qui sont associées aux meilleurs résultats à long terme, et ces greffons permettent plus facilement la réalisation de greffe préemptive (c'est-à-dire avant la dialyse).
Le manque de communication explique en partie ce constat. En octobre, l'ABM a mené une campagne de sensibilisation pour promouvoir ce type de don, mais « ce n'est pas suffisant, juge le Pr Bastien. La possibilité du don vivant doit être évoquée par les professionnels de santé dès l'annonce de l'insuffisance rénale terminale avec le patient et son entourage ».
L'évolution de la loi de bioéthique, en cours d'examen au Sénat, devrait par ailleurs accroître le nombre de paires donneur-receveur pour mettre en place une véritable chaîne dans le cadre du don vivant croisé.
« L'activité de transplantation est une priorité pour les établissements de santé », rappelle l'ABM, qui incite à poursuivre les efforts engagés afin de pouvoir atteindre l'objectif de 7 800 greffes d'ici à fin 2021 fixé par le plan greffe 3.
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