L’INTERVENTIONNISME français à l’étranger a mis un terme aux préventions que la diplomatie américaine nourrit contre la France depuis que Dominique de Villepin, en 2003, a prononcé son fameux discours à l’ONU, par lequel la France signifiait à l’Amérique qu’elle ne la suivrait pas dans son aventure en Irak. Au Quai d’Orsay, on célèbre encore ce texte « historique » sans se demander si, malgré les folies de George W. Bush, il était utile d’humilier l’Amérique devant le monde. Mais peu importe. La Syrie a donné à la France l’occasion d’être encore plus agressive que les États-Unis, à l’égard d’une dictature sanglante, il est vrai. François Hollande a décidé de ne pas tenir rigueur à Barack Obama de son recul à propos de la Syrie. Il se montre plus subtil que le lyrique Villepin.
Il a tenu à donner à cette visite d’État tout le retentissement qu’elle mérite et qui conforte sa propre stature de chef d’État. Et M. Obama ne lui a pas ménagé son soutien, qui l’a accompagné à Charlottesville poyr y visiter la mainson de Jefferson, l’homme qui a dit : « Tout citoyen a deux patries, la sienne et la France ». Non seulement le président Hollande a envoyé les troupes françaises au Mali et en Centrafrique, ce qui soulageait un président américain peu enthousiaste pour les expéditions militaires, mais M. Obama se sert de la référence française pour tenter de mettre en place un système social quelque peu inspiré de ce qui se fait chez nous. Le mot « socialiste » est abhorré par la plupart des Américains, mais leur expérience d’un libéralisme qui a ruiné la classe moyenne par sa malhonnêteté commence à les faire réfléchir.
Séquence manquante.
Il n’en demeure pas moins que François Hollande peut plus compter sur l’amitié de M. Obama que sur l’enthousiasme des élus américains, surtout les républicains, qui n’ont pas tenu à ce que le chef de l’État français fût reçu par le Congrès. Cette séquence, toujours teintée d’émotion et de solennité, aura manqué à M. Hollande qui doit percevoir dans l’indifférence du Congrès le doute qu’inspire son programme économique et social aux Américains. Que de surcroît, le chef du Medef, Pierre Gattaz ait cru bon de manifester à Washington les craintes qu’il nourrit quant au pacte de responsabilité (ce n’était ni le lieu ni le moment) n’aura pas accru le rayonnement de la visite.
M. Hollande a déclaré que deux pays sont amis « pour toujours », mais on n’en est plus aux références historiques, à Lafayette et à Benjamin Franklin. Il faut inscrire l’amitié franco-américaine dans une dynamique nourrie par les crises d’ajourd’hui. D’abord en éliminant les sujets de discorde, comme les écoutes de la NSA, qui ne doivent plus être tolérées ; ensuite en élaborant des plans communs face aux crises. On ne peut pas dire que les entretiens des deux présidents aient lancé cette dynamique, alors que beaucoup dépend des négociations destinées à créer une zone de libre-échange entre l’Amérique et l’Europe. Plusieurs de nos partenaires européens souhaitent que l’accord ne soit signé qu’à la condition que Barack Obama fasse le ménage dans ses services secrets. Il estime l’avoir fait, mais les Américains eux-mêmes trouvent que les dispositions qu’il a adoptées sont insuffisantes. En tout cas, elles n’empêchent pas la NSA de continuer à recueillir des informations en écoutant à peu près tout le monde.
Ces réserves n’enlèvent rien à la qualité des rapports entre les deux présidents et à la stabilité des relations diplomatiques entre les deux pays. M. Obama est comblé : entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, il n’aura rencontré que des présidents français pro-américains.
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