« LE 31 DÉCEMBRE prochain, après plus de 20 ans d’existence, l’ANRS cessera d’exister sous la forme d’un Groupement d’intérêt public (GIP) pour devenir une agence au sein de l’INSERM. » Les associations de patients regroupées dans le collectif TRT5, annoncent ainsi dans un communiqué la fin du GIP ANRS, appelant à la vigilance quant à l’autonomie et au financement de l’agence créé en 1992. Régulièrement discuté à chaque renouvellement de la convention constitutive établie entre les différents partenaires du groupement – les 3 représentants de l’État (ministères de la Recherche, de la Santé et des Affaires étrangères) et les 3 établissements publics de recherche (CNRS, INSERM, IRD et Institut Pasteur) –, le statut d’agence de moyens de l’ANRS va donc évoluer au profit d’une intégration à l’INSERM. En avril 2003, la polémique avait été forte entre l’ancien directeur de l’ANRS, le Pr Michel Kazatchkine, et celui de l’INSERM, le Pr Christian Bréchot, ce dernier souhaitant la création d’un Institut de recherche sur le sida (INRS) intégré à l’INSERM. À cette époque, déjà à l’initiative du TRT5, une pétition avait été diffusée sur Internet et une lettre ouverte avait été adressée au président de la République contre ce projet, qui, affirmait alors le TRT5, « signerait l’arrêt de mort de la recherche française sur le sida ».
Évoluer avec la recherche biomédicale.
Le climat semble cette fois plus consensuel. Le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’agence et également directeur de l’Institut de microbiologie et de maladie infectieuse à l’INSERM, appelait la mesure de ses vœux. « La recherche sur le sida est en train d’évoluer. Elle nécessite désormais l’apport de chercheurs d’autres domaines que celui du VIH, explique-t-il. Par ailleurs, la recherche biomédicale en France a connu une profonde réorganisation avec la création d’AVIESAN* et des grands instituts de recherche. L’ANRS se devait d’évoluer avec son temps ».
Le 1er janvier prochain, la nouvelle structure, qui restera une « agence de coordination et de moyens », intégrera l’INSERM tout en gardant son mode de fonctionnement et une ligne budgétaire autonome. Un nouveau directeur devrait être nommé par les ministres de la Recherche et de la Santé, sur proposition du président-directeur général de l’INSERM, André Syrota. Le Pr Delfraissy, candidat à sa propre succession, devrait être celui-là.
Le projet, préparé depuis deux ans, soulève néanmoins quelques inquiétudes. Le Pr Delfraissy assure qu’il n’y aura a ni restriction de personnel ni restriction budgétaire. L’agence devrait conserver en 2012 le même budget qu’en 2011. « Le vrai problème est celui du désengagement financier du ministère des Affaires étrangères, en diminution depuis 2007, de 3 millions d’euros à presque rien en 2010, sauf une subvention particulière de 300 000 euros dans le cadre d’un programme en Côte d’Ivoire », souligne le Pr Delfraissy. Le ministère des Affaires étrangères ne finance plus que les bourses pour les étudiants et postes d’assistants techniques dans les pays, postes d’assistants eux-mêmes en baisse, de 20 il y a dix ans à 5 aujourd’hui. Tout comme les associations, le Pr Delfraissy le regrette, ce d’autant plus que l’agence consacre 23-24 % de son budget à des programmes de recherche dans les pays du Sud.
Participation des associations.
Les associations, elles, contestent le principe de la « réserve budgétaire » auquel sont soumises les ressources de l’ANRS, au même titre que toutes les autres institutions publiques et qui ampute le budget de 5 à 6 % sur les 38 millions alloués par l’État.
Quant à leur participation, elles reconnaissent « avoir été entendues ». Elles auront deux représentants, l’un pour les hépatites, l’autre pour le VIH, au sein du Conseil d’orientation et du Comité scientifique de la nouvelle ANRS (jusqu’alors, elles ne disposaient que d’un statut de membres observateurs).
« Le plus important est que ce transfert ne change rien sur le plan scientifique et que l’agence garde toute sa visibilité, c’est une de mes priorités », insiste le Pr Delfraissy. L’ANRS se situe respectivement aux 2e et 3e rangs mondial pour le nombre de publications auxquelles donnent lieu les projets de recherche qu’elle finance sur le VIH/sida et sur les hépatites. De même, le chercheur refuse de traduire cette évolution comme « une banalisation de la recherche sur le sida » mais voit plutôt dans cette structure « inédite » au sein de l’INSERM un nouvel élan pour la recherche sur le VIH/sida.
* Alliance pour les sciences de la vie et de la santé.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation