LE QUOTIDIEN : Aujourd’hui, où en est la santé connectée ?
À l’inverse des États-Unis, la santé connectée est encore un marché pilote en Europe, où vivent pourtant 100 millions de patients atteints d’au moins une maladie chronique. En parallèle, la tendance est à la réduction des réadmissions à l’hôpital. Le développement de la prise en charge des patients à domicile est la suite logique. Nous y contribuons en proposant des solutions médicales sans fil aux professionnels. Nous travaillons pour l’instant avec 22 prestataires de service européens, qui récupèrent et transmettent des données de santé aux établissements, aux professionnels de santé engagés dans la démarche et à plusieurs milliers de patients. Autant dire que le potentiel de croissance est immense.
Quels pays européens font preuve de dynamisme ?
La Scandinavie et d’autres, chacun à leur façon. En Espagne, l’hôpital sélectionne les patients qui peuvent bénéficier d’un suivi connecté à domicile et alloue un budget annuel pour chacun. L’établissement les supervise par alertes et rapports hebdomadaires.
Dans la région milanaise, l’essor de la santé connectée est le fait des médecins libéraux du cru, qui ont poussé l’agence régionale de santé locale à façonner un forfait annuel pour la prise en charge connectée et à domicile de chaque patient sélectionné. 37 000 personnes sont suivies de la sorte par 300 professionnels de Lombardie et du Piémont. On pourrait tout à fait envisager cela en France.
Sommes-nous à ce point à la traîne ?
La centralisation du système de santé français explique ce retard. En Scandinavie, les budgets santé sont gérés par les municipalités et l’hôpital local. Tout va très vite. En Espagne et en Italie, les régions décident. En France, en Allemagne et en Angleterre, on négocie au plus haut niveau. C’est donc plus lent.
Une certaine spécificité française explique aussi ce manque de dynamisme : le lobbying des complémentaires santé, qui poussent au développement d’un autre marché connecté, celui de la prévention. On nous empresse de développer des solutions pour smartphone plutôt qu’à domicile. C’est pourquoi la prévention connectée risque fort de rapidement distancer la santé.
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