Les femmes qui accouchent par césarienne ont un risque 5 à 10 fois plus élevé de contracter une infection que les femmes qui accouchent par voie basse, surtout lorsque l'intervention est non-programmée.
Une dose d'antibiotique (généralement la céfazoline) est donc administrée systématiquement, à toutes les femmes subissant une césarienne, pour prévenir l'infection. L'administration a lieu soit après le clampage du cordon (approche plus commune en France), soit quelques minutes plus tôt, au moment de l'incision cutanée (approche recommandée par le Collège américain des obstétriciens, qui s'appuie sur plusieurs études rapportant l'absence de conséquences pour l'enfant et une plus grande protection pour la mère).
Malgré cela, 12 % des femmes qui subissent une césarienne non programmée développent tout de même une infection, par un germe échappant aux céphalosporines, avancent les auteurs d'une étude publiée cette semaine dans le « New England Journal of Medicine (NEJM) », qui se sont donc posé la question d'ajouter un deuxième antibiotique à spectre large dans le cocktail prophylactique.
Deux fois moins d'infections
L'étude randomisée a été menée dans 14 hôpitaux américains, sur plus de 2 000 femmes devant subir une césarienne non programmée. La moitié d’entre elles a reçu, en complément de la céfazoline et au moment de l'incision, une dose unique de 500 mg d’azithromycine ; l’autre groupe n'a reçu que la céphalosporine (groupe placebo).
D'après leurs résultats à six semaines après l'accouchement, l'ajout d'azithromycine aurait permis de réduire le risque infectieux de moitié (6,1 %, contre 12 %). Du côté des nouveau-nés, aucune différence n'a été observée après trois mois de suivi. Selon les auteurs d’un éditorial accompagnant l'étude, les données pharmacologiques suggèrent que l’azithromycine « ne traverse presque pas la barrière placentaire ».
L’azithromycine devrait-elle être recommandée en routine ? Il est encore trop tôt pour répondre, jugent les Drs Robert Weinstein et Kenneth Boyer, auteurs de l'édito. La plupart des femmes incluses (73 %) avaient un IMC supérieur à 30, or l'obésité accroît encore plus le risque d'infection. Il est donc nécessaire d'étudier une population plus hétérogène. Autre question : faut-il remplacer la céphalosporine par l'azithromycine au lieu de surcharger le régime antibiotique ?
« La question se pose quand même toujours de donner des antibiotiques en préventif avant le clampage, ça c'est le vrai souci que les gens se posent », renchérit le Pr Jacky Nizard, gynécologue obstétricien à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Ce dernier se réjouit que plusieurs approches soient en cours d'investigation pour réduire le risque d'infection lors des césariennes. Il cite une autre étude parue en février dans le « NEJM », montrant que l’utilisation de chlorhexidine comme antiseptique cutané en préopératoire diminue aussi le risque d’infection après césarienne par rapport à la Bétadine alcoolisée.
« Les complications de la césarienne sont un fardeau assez lourd pour une société, quand on sait que c'est une intervention assez fréquente (21 % en France). Jusqu'à présent beaucoup de gestes qu'on réalisait pour la césarienne étaient déduits d'études réalisées sur d'autres types d'intervention, qui sont plus longues… Là on est content d'avoir de plus en plus d'études menées sur la césarienne », conclut le Pr Nizard.
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