« L’OBJET de l’avis qui nous a été demandé n’est pas de proposer ou non la commercialisation d’un autotest mais de donner les éléments de réflexion qui permettent à la société et aux autorités sanitaires de décider s’il le commercialise ou pas », a prévenu le Pr Jean-Claude Ameisen, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), lors de la présentation de l’avis. Comme le Conseil national du sida (CNS), le CCNE a été sollicité par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui à la suite de l’autorisation le 3 juillet dernier par les autorités américaines d’un test rapide d’orientation diagnostique salivaire (Oraquick) en tant qu’autotest, s’interrogeait sur les problèmes posés par une telle commercialisation en France.
Et tout comme le CNS, la position du CCNE a évolué par rapport à son avis n° 86 de novembre 2004.
Le CCNE s’inquiète du problème des faux négatifs qui entraîne « une perte de chance » pour l’individu et « pose un problème de responsabilité individuelle et collective », poursuit le Pr Ameisen. Le CCNE souligne que cette responsabilité peut concerner les autorités et les fabricants « qui mettent à disposition et autorisent des dispositifs, dans le cas où ceux-ci, pouvant avoir un intérêt pour la santé publique, comporteraient un risque de nuisance pour la personne si leur fiabilité et leur sensibilité étaient insuffisantes ».
Il note par exemple que si la mise à disposition d’un autotest peut permettre de gagner « en autonomie et en liberté », la simplicité même de réalisation de ce test « peut se retourner contre » l’individu et « faciliter la pression immédiate d’un partenaire, d’un proche » ou permettre « dans un contexte familial ou professionnel, la contrainte exercée sur une personne dans le but de lui faire réaliser un autotest et d’en lire immédiatement le résultat ».
Des recommandations
Ces observations amènent le CCNE à proposer dans l’éventualité d’une commercialisation, que « les tests proposés comme autotests soient d’efficacité et de qualité comparables à celles des tests autorisés dans le cadre du dépistage actuel ». De ce point de vue, la sensibilité de l’autotest salivaire lui semble insuffisante, préférant l’autotest sur sang total (goutte prélevée au doigt) .
Il recommande également l’élaboration de dispositions juridiques permettant de garantir l’autonomie et la confidentialité de l’usage des autotests. Parmi ses autres préconisations, le comité suggère une vente dans les pharmacies, voire sur leurs sites Internet des pharmacies, une obligation faite aux fabricants de donner une information claire sur les centres de dépistage anonyme et sur les limites du test, ainsi que la mise en place d’une ligne téléphonique permanente et gratuite de conseils, en particulier pour ceux qui penseraient, à tort ou à raison, s’être détecté séropositif ou qui demanderait un soutien dans le cadre d’une consultation médicale.
La mise à disposition du test devra être accompagnée d’un renforcement de l’effort de prévention, notamment du dépistage « accompagné » tandis qu’un accès gratuit aux autotests serait possible dans des infirmeries scolaires du secondaire et à l’université, mais aussi chez certains médecins « motivés ». Une évaluation épidémiologique régulière devra être mise en place afin de « reconsidérer le bien fondé de cette mesure si le but recherché n’était pas atteint ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation