LA FRANCE a pris un retard considérable en matière de développement de la chirurgie ambulatoire. Selon les chiffres présentés par Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, qui ouvrait vendredi dernier un symposium organisé par le Conseil national de la chirurgie (CNC) sur la question, seuls 35 % des actes de chirurgie sont réalisés en France en ambulatoire. Selon lui, à titre de comparaison, ce taux monterait à 90 % aux États-Unis, et à 70 % en moyenne au sein de l’Union européenne. Mais comparaison n’est pas forcément raison, et les différents intervenants de ce symposium ont tenté de baliser le champ du possible en la matière. Le Dr Laurent Jouffroy, anesthésiste, appelait par exemple à une « révolution des pratiques » et à un développement de ce mode opératoire. Selon lui, une étude américaine aurait récemment démontré que la chirurgie ambulatoire présenterait moins de dangers et moins de risques d’infections nosocomiales, pour un coût deux fois moins élevé.
Tous les chirurgiens ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde. Le Dr Philippe Cuq, chirurgien et président du syndicat Le BLOC, rappelait que la direction générale de l’offre de soins (DGOS, au ministère de la Santé) avait récemment estimé que 90 % des actes chirurgicaux avaient vocation à être réalisés en ambulatoire. « Cette affirmation non démontrée me laisse sceptique », avouait-il.
Une priorité de la planification.
L’assurance-maladie a mis en place une procédure d’accord préalable dans 500 établissements de santé pratiquant la chirurgie et qui ont un taux d’ambulatoire inférieur à la moyenne régionale et nationale. Dans le même temps, la chirurgie ambulatoire a été récemment déclarée « priorité nationale » par le ministère de la Santé. Enfin, les ARS ont reçu à la fin de l’année dernière un document du ministère de la Santé dans lequel elles sont invitées à mettre l’accent, dans le cadre de la préparation du SROS (schéma régional d’organisation des soins) sur « le développement des modes substitutifs à l’hospitalisation complète ». Autant de raisons qui poussent le Dr Jean-Michel Lantz, chirurgien digestif, à mettre en garde. « Oui à l’initiation d’une démarche de médecine responsable, a-t-il lancé lors de ce symposium, non à une obligation administrative. » De son côté, le Dr Hubert Le Hétet, anesthésiste-réanimateur à Rennes, indiquait que dans son établissement privé, une démarche qualité avait permis de passer en quelques années de 6 200 à 14 000 interventions en ambulatoire sur un total de 22 000 opérations. Pour lui, « c’est l’amélioration de la qualité de la prise en charge en ambulatoire qui conduit à augmenter les volumes ». Enfin, le Pr Jacques Domergue, député et chirurgien, faisait valoir que plutôt que de fixer des objectifs quantitatifs globaux, « mieux vaudrait avoir des objectifs ciblés, comme faire passer le taux de hernies inguinales de 17 à 30 % ». « Avec une approche globale, il y aura toujours des détracteurs », a-t-il fait valoir.
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