Ce lundi matin, à l’appel d’un collectif protestataire, des dizaines de médecins exprimeront leur colère sous les fenêtres parisiennes de la Mutualité française.
Cette « opération Caniard » [du nom du patron de la FNMF] consistera à lancer des fumigènes avec une banderole au message explicite : « la Mutualité nous enfume », résumant les critiques croissantes contre « ce haut lieu de pouvoir, ministère de la Santé bis » identifié comme un des princaux responsables d’une politiqueanti-médecine libérale. Le collectif de mars et à travers lui l’Union française pour une médecine libre (UFML) est l’instigateur de cette opération symbolique.
En parallèle, les praticiens sont appelés à fermer leur cabinet pendant cette « semaine blanche ». Vendredi soir, plus de 200 médecins annonçaient sur le site de l’UFML être favorables à un arrêt total d’activité. En Meurthe-et-Moselle, dans le Nord ou encore dans le Val-d’Oise, des généralistes ont assuré à la presse locale les jours où les patients trouveront porte close. Principale raison du courroux désormais : la généralisation du tiers payant, marqueur d’une forme d’assujettissement aux « financeurs » et de la perte d’indépendance.
Melting-pot contestataire
Le collectif de mars a plus d’une revendication dans son sac. Opposés « aux choix politiques faits, en cours de déploiement ou en cours de négociation », les mécontents voient l’avenant n° 8, le nouveau contrat d’accès aux soins à dépassements modérés, les réseaux mutualistes ou encore la refonte programmés des contrats responsables comme autant d’uppercuts portés à la profession.
Mais ces dernières semaines, la grogne s’est cristallisée sur la Mutualité, confirme le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML. « Nous classifions nos actions selon leur degré d’urgence. La Mutualité multiplie les attaques à l’encontre de la médecine libérale. Les dentistes et les opticiens sont directement visés par les réseaux de soins mutualistes. Nul doute que bientôt, ce sera au tour des médecins. »
L’action du collectif rencontrera-t-elle le succès escompté ? Fondé en décembre 2013, le mouvement fédère sur le papier quinze organisations et syndicats de médecins, dentistes, pharmaciens, biologistes, opticiens et paramédicaux. Les cliniques de médecine, chirurgie et obstétrique (FHP-MCO) en font également partie.
Soutien
Mais si la motivation de l’UFML, née fin 2012 pour fédérer les « médecins pigeons », n’est plus à prouver, celle de ses partenaires de l’hiver a pris du plomb dans l’aile. Poids lourd de la contestation en décembre « contre l’étatisation du système de santé », les cliniques se contentent désormais de « s’associer » aux revendications du collectif. « Nous sortons d’un mouvement très dur [boycott des stages infirmiers, lire ci-dessous], explique Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO. Il n’est pas opportun de manifester alors que nous avons obtenu quelques avancées du ministère de la Santé ».
Mauvais timing également pour les chirurgiens de l’UCDF. Entrer en résistance peu de temps avant le décret sur les contrats responsables (qui définira le niveau de prise en charge des dépassements par les complémentaires) serait une erreur stratégique. L’UCDF « soutient » lui aussi le collectif mais n’appelle pas à la grève. Même chose pour les allergologues du SYFAL. Les dentistes de la FSDL (30 % de la profession) ne fermeront pas leurs cabinets mais stopperont les télétransmissions.
Restent, fidèles au poste, la Fédération des médecins de France (FMF), les biologistes de Bioprat, la jeune union des radiologues de France, mais aussi quelques organisations minoritaires ou locales et des praticiens « pigeons » spécialistes. Suffisant pour inquiéter le ministère ? Avenue de Ségur, on se refuse à tout commentaire.
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