« Anticipée, régionale, adaptée et ciblée », telle devrait être la réponse de la France à l’épidémie de Covid-19, préconise le Conseil scientifique dans une note transmise le 11 mars au gouvernement et révélée par le « Le Monde » et le « Journal du Dimanche », avant publication officielle et dont la date est à la discrétion de l’exécutif.
Face à la reprise épidémique marquée par des variants beaucoup plus transmissibles, la vaccination seule ne pourra éviter une augmentation importante des hospitalisations, constate le Conseil scientifique, à partir des modélisations de l’Institut Pasteur. Selon l’hypothèse d’une distribution soutenue des doses, les hospitalisations quotidiennes devraient être inférieures de 28 % par rapport à un scénario sans vaccination au 1er avril et de 46 % au 1er mai. Mais sans que cela puisse faire relâcher la pression en réanimation, où les plus âgées sont loin d’être majoritaires. Si bien que sans mesures supplémentaires, le niveau d’hospitalisations quotidiennes devrait dépasser largement le pic des vagues précédentes, alertait déjà en février Simon Cauchemez, responsable de l’unité modélisation de Pasteur et membre du Conseil Scientifique.
Réponse locale mieux adaptée et acceptée
Dans ce nouvel avis, c’est l’ensemble du Conseil qui plaide pour des « mesures de freinage précoce et anticipatif » en insistant sur l’importance d’agir précocement : « dans un scénario de croissance exponentielle de l’épidémie, une intervention précoce présente de nombreux avantages », cite le quotidien du soir. Pour ce faire, l’anticipation est le maître mot et suppose une surveillance épidémiologique robuste.
Contrairement à ses précédents avis de décembre et janvier dernier, le Conseil scientifique opte cette fois pour une approche régionalisée, au regard de la distribution hétérogène des variants sur le territoire. « Une réponse locale pourrait dès lors être mieux adaptée et mieux acceptée par la population », lit-on.
Les experts rejettent en revanche trois stratégies : celle qui consisterait à ne rien faire, en attendant un niveau d’immunité collective suffisant. Les hôpitaux seraient rapidement saturés. La stratégie du Zéro covid, qui implique un confinement strict de 8 à 10 semaines, est aussi récusée, en raison de ses « effets collatéraux considérables, notamment psychologiques, sociaux et économiques ». Exit encore la stratégie du stop and go, qui alterne périodes de relâchement et de confinement.
Inquiétude pour les jeunes, les âgés et les précaires
Par ailleurs, l’instance présidée par le Pr Jean-François Delfraissy suggère de prendre des mesures plus ciblées de distanciation sociale en fonction des connaissances acquises sur les modalités de contamination. Ce qui devrait permettre de « libérer d’un contrôle excessif les lieux et situations dans lesquels le risque s’avère faible ».
Ils s’alarment de la santé mentale des jeunes et demandent la poursuite des mesures de solidarité pour lutter contre leur précarisation et la réouverture des lieux d’enseignement ou culturels, sous protocole sanitaire strict. Leur inquiétude est grande aussi à l’égard des personnes âgées et des populations précaires.
Quant aux écoles, « il semble qu’elles ne soient pas des amplificateurs de transmission, mais que la circulation du virus en milieu scolaire reflète plutôt celle au sein de la collectivité », rapporte « Le Monde ».
Une délégation du Conseil scientifique devrait être reçue ce 16 mars à 17 heures par Emmanuel Macron pour faire le point sur la situation sanitaire, à la veille d’un Conseil de défense décisif, notamment pour l’Île-de-France. Le chef de l’État s’entretiendra ensuite à 18 h 00 en visioconférence avec des réanimateurs, a ajouté l’Élysée, pour les consulter sur les capacités de réanimation et la montée en charge dans les services, au bord de la saturation dans plusieurs régions.
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