On peut toujours discuter du bien fondé d’une mesure, surtout si elle est prise par un gouvernement qui ne fait pas l’unanimité. Ce que François Hollande a vite compris, c’est que le mouvement, la riposte, la dynamique étaient indispensables. D’aucuns loueront sa capacité à saisir le moment historique, comme il l’a fait d’ailleurs après les attentats de janvier, ou lorsqu’il a décidé de projeter l’armée française au Mali. Nous ne pouvons rien affirmer avec certitude : ni que toutes les décisions du président étaient bonnes, ni qu’il n’a pas sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé, dans la mesure où nos moyens de lutte contre le terrorisme auraient dû être renforcés depuis longtemps, ni que ses tentatives pour rassembler une coalition internationale hétéroclite comprenant des pays qui ne sont pas nos alliés naturels. Mais il ne fait aucun doute que, quand le pays doit vivre une telle épreuve, il a besoin de savoir qu’il est dirigé d’une main ferme et celle de M. Hollande, nous semble-t-il, n’a pas tremblé.
En outre, le débat politique n’a jamais atteint le niveau de crédibilité souhaitable. Dieu sait que nous avons été abreuvés d’innombrables analyses, mais que nous n’y avons guère trouvé de quoi nous convaincre, alors que la politique du gouvernement, en ces instants critiques, semblait progresser dans un sens qui ne nous indignait pas. Reprenons les arguments majeurs qui ont été cités.
Le premier : il faut cesser les bombardements en Syrie parce qu’ils renforcent la haine contre nous des populations contrôlées par l’Etat islamique. Cela revient à ne pas riposter à l’un des plus graves défis qui aient été lancés à notre pays depuis longtemps. Il est tout simplement impossible de ne pas combattre l’EI là où il se situe parce que c’est de là que partent les projets et complots destinés à tuer nos civils et à déstabiliser notre société.
Le deuxième : l’état d’urgence et autres mesures de sécurité limitent nos libertés. Si, soumis à la peur, nous nous interdisons tout moyen de remédier au danger, serons-nous vraiment libres ?
Le troisième : M. Hollande ne fait plus du sort de Bachar Al-Assad sa priorité, il vient de tourner casaque et consent aujourd’hui à pactiser avec Vladimir Poutine, contrairement à diverses prises de positions antérieures. D’abord, il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis. Ensuite, on peut s’allier avec M. Poutine s’il consent à faire une partie du travail contre l’EI, d’autant que le président russe a lui-même évolué : il a commencé par ménager l’EI jusqu’au moment où il a dû admettre ce que tout le monde savait, c’est-à-dire que l’EI avait abattu un avion de ligne russe dans le Sinaï. Si M. Hollande a corrigé sa trajectoire, M. Poutine, lui, a changé d’ennemi.
Nous ne sommes pas coupables.
Le quatrième : nous n’avons rien à attendre des Européens, ils ont pris l’habitude de nous laisser faire la guerre à leur place. Mais n’est-il pas bon de le leur rappeler ? N’est-il pas utile de mettre l’accent sur le danger auquel ils sont eux-mêmes exposés ? N’est-ce pas le moment critique qui va leur ouvrir les yeux ?
Le cinquième, le plus insupportable : ce qui nous arrive est notre faute. Nous n’avons pas su intégrer la jeunesse issue de l’immigration. Et en plus nous sommes d’anciens colonisateurs. Faux : les djihadistes sont très contents de trouver dans notre société des éléments qu’ils peuvent manipuler ; ils ont pris la France pour cible parce que la France s’est dressée contre leur épouvantable obscurantisme.
Qu’est-ce qui compte ? Que les mesures soient appliquées parce qu’elles sont bonnes ou que le président coure à sa perte en négligeant de les prendre ? Je n’irai pas jusqu’à soupçonner un certain chef de l’opposition de souhaiter que le pays aille encore plus mal pourvu que M. Hollande s’écroule. Je note en tout cas qu’Alain Juppé, comme beaucoup d’autres et comme tous ceux qui ont voté l’état d’urgence, préfère que la France soit sauve. Chez nous, le débat politique nous empêche souvent d’espérer. Mais soyez certains que si le président n’avait pas bougé, il aurait été accablé de pressions énormes pour faire ce que, en définitive, il a fait.
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