Infection par le VIH

Le dépistage, outil de prévention

Publié le 26/01/2012
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LE VIRUS du sida est toujours là. Mais être séropositif aujourd’hui n’implique pas les mêmes conséquences qu’il y a 30 ans.

En1985, quand sont apparus les premiers tests de dépistage du VIH, le pronostic de la maladie était péjoratif et les possibilités thérapeutiques très limitées. Le bénéfice individuel était imperceptible. En outre, les patients étaient fortement stigmatisés.

Aujourd’hui, le paysage est différent. Au niveau individuel, l’espérance de vie d’un sujet séropositif est quasiment la même que celle d’un individu séronégatif si la prise en charge est précoce. Cette notion de précocité reste essentielle. Une étude parue en 2007 (1) montrait que chez les personnes dépistées à un stade avancé de l’infection par le VIH (moins de 200 CD4 ou sida), le risque de décès était multiplié par 13 dans les 6 premiers mois de suivi par rapport aux patients diagnostiqués précocement (plus de 500 CD4) (1). Ajoutons qu’une prise en charge tardive augmente le risque de transmission de l’infection, alors qu’un dépistage précoce permet au sujet de modifier ses comportements (2). Enfin, la baisse de la charge virale sous traitement antirétroviral efficace est associée à une diminution du risque de transmission (3). Un sujet qui se sait séropositif participe donc à la prévention, le dépistage individuel est devenu aujourd’hui un outil de prévention collective.

Les médecins généralistes en première ligne.

Reste que dans un pays comme la France où le dépistage est aisé et les traitements efficaces, il y a encore aujourd’hui de 30 000 à 40 000 personnes qui ne se savent pas infectés par le VIH et qui pourtant le sont. La majorité d’entre elles appartiennent à des groupes à risque. Ce sont vers ces patients qu’il faut aller prioritairement. Et c’est dans ce sens que le plan de lutte contre le sida préconise au moins un test de dépistage par an dans ces populations. La mise sur le marché des tests rapides et l’aide des associations facilitent la démarche.

Toutefois, il existe une proportion importante de sujets qui ne se considèrent pas à risque mais qui le sont réellement ; ils ne seront donc pas concernés par un dépistage ciblant les populations à risque. C’est pourquoi le plan de lutte contre le sida propose un test de dépistage de l’infection par le VIH à l’ensemble de la population âgée de 15 à 70 ans, hors notion d’exposition à un risque de contamination ou caractéristique particulière.

C’est ici qu’interviennent en première ligne les médecins généralistes qui devraient proposer le test systématiquement à toute personne ayant recours aux soins en l’absence de test de dépistage de VIH dans le passé. La tâche n’est pas facile car, dans le cas d’une éventuelle découverte de l’infection, ils devront gérer la mise en place de la prise en charge dans un contexte inattendu qu’ils ont, somme toute, provoqué.

D’après un entretien avec le Pr Yazdan Yazdanpanah, service des maladies infectieuses, hôpital Bichat-Claude-Bernard, Paris.

(1) Lanoy E, et coll. Frequency, determinants and consequences of delayed access to care for HIV infection in France. Antivir Ther 2007;12:89-96.

(2) Marks G, et coll. Meta-analysis of high-risk sexual behavior in persons aware and unaware they are infected with HIV in the United States: implications for HIV prevention programs. J Acquir Immune Defic Syndr 2005;39(4):446-53.

(3) Wawer MJ, et al. Rates of HIV-1 transmission per coital act, by stage of HIV-1 infection, in Rakai, Uganda. J Infect Dis 2005;191(9):1403-09.

 Dr BRIGITTE MARTIN

Source : Bilan spécialistes