LE PLUS GRAVE, c’est que la transparence, si désirée pour les comptes personnels des élus, n’existe pas vraiment en matière de comptes publics. On ne nous dit pas que la récession a diminué le produit des impôts et, pour contrer la charge de Gilles Carrez, président UMP de la Commisison des finances de l’Assemblée (il affirme qu’il manque 20 milliards de recettes), M. Ayrault nous dit benoîtement que les dépenses de l’État vont diminuer cette année de 1,5 milliard d’euros. Est-ce suffisant ? « Cela n’a jamais été fait », explique le Premier ministre. S’agit-il d’établir un record ou de prendre des mesures à la hauteur du problème ? Pour le moment, le chef du gouvernement se refuse à tout collectif budgétaire. Il en aura pourtant besoin.
François Hollande, de son côté, s’en tient à une inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année, quand l’INSEE lui dit exactement le contraire. Que se passera-t-il quand la preuve sera fournie qu’il a tort ? L’inquiétude de l’opinion augmente quand le pouvoir prononce des contre-vérités qui lui servent en même temps de programme. Au lieu d’admettre que la dépense va encore déraper et ruiner nos objectifs budgétaires, on se contente de dire que tout va bien, qu’il n’y a pas de manque à gagner, pour l’État, de vingt milliards. Et pour le chômage, on s’en tient à l’incantation.
Un climat détestable.
Le tout dans un climat politique détestable, avec une ascension du Front national qui prive Hollande de sa stratégie contre la droite : le FN rafle maintenant des voix de gauche, peut-être pas en grand nombre, mais assez pour que le PS ne divise pas pour régner. Du coup, si la gauche comptait sur le Front pour atténuer sa défaite attendue aux municipales et aux européennes de l’an prochain, elle s’aperçoit aujourd’hui qu’elle risque d’être dépassée à la fois par la droite et par l’extrême droite. Et comment le PS réagit-il ? Loin de mettre au point une stratégie électorale capable de contenir le FN, il bombarde l’UMP de ses imprécations, ce qui renforce l’idée, répandue par Marine Le Pen, que la droite et la gauche se valent, tout en appelant à un front républicain rejeté à la fois par la droite classique et par l’extrême gauche, qui ne voient pas, en effet, sur quelles idées simples elles pourraient se rapprocher du PS, surtout dans le contexte exécrable que créent les assauts de Harlem Désir et de certains élus, qui en sont encore à dénoncer l’héritage laissé par Nicolas Sarkozy, défausse classique mais chaque jour moins crédible.
LA SYNTHESE D’ELEMENTS INCONCILIABLES ABOUTIT A UNE NON-POLITIQUE
Pour parfaire ce tableau sinistre, nous nous offrons le luxe d’une polémique avec José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne qui, certes, a attaqué le premier en traitant les Français de « réactionnaires » sous le prétexte qu’ils défendent l’exception culturelle dans le cadre de l’accord de libre-échange euro-américain en cours de négociation. Il n’en a pas fallu plus à Arnaud Montebourg pour qu’il voie dans la Commission « le carburant du Front national ». C’est tout de même sans précédent : si nous sommes hostiles à un accord commercial avec les États-Unis, il nous suffit de le dire ; si nous y sommes grosso modo favorables, il nous suffit d’écarter M. Montebourg d’une ligne politique qu’il conteste. Mais non. Grâce à cette synthèse que François Hollande représente à lui seul, on peut tout mener de front, les réserves sur l’Europe, l’agacement que nous inspire Angela Merkel, le maintien d’une politique agricole commune qui nous est si favorable. Bref, nous tentons de n’avoir de l’Union que des bénéfices et nous nous défendons comme de beaux diables quand elle nous réclame des sacrifices.
L’opinion, que l’on dit si pessimiste, ne voit même pas que, en définitive, nous n’avons pas de politique européenne, pas de programme de réduction des déficits et de la dette et pas de plan pour relancer la création d’emplois marchands grâce à une baisse massive des charges des entreprises. La politique est faite ailleurs. À Berlin, par exemple, où Angela Merkel, à la veille des élections générales qui auront lieu en Allemange le 22 septembre, annonce, ô miracle ! un plan de relance de 25 milliards d’euros. Nous pourrions nous en réjouir s’il n’y avait loin de la coupe aux lèvres, ou d’une déclaration en 2013 et des actes en 2014.
› RICHARD LISCIA
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