L’ÉLECTORAT OBSERVE la campagne avec un grain de scepticisme, sachant que l’UMP et le PS adoptent les postures exagérées que dicte l’intensité de la bataille. Il n’en demeure pas moins que, la campagne progressant sur un terrain miné, les deux camps devraient être invités à plus de prudence. En effet, qu’est-ce que la suppression du quotient familial, sinon une forte augmentation de l’impôt sur le revenu (pour ceux qui le paient et ne constituent que la moitié des ménages français) ? M. Sarkozy ne pouvait pas laisser si belle occasion de montrer que la gauche tire un peu dans tous les sens, sans grande coordination : il est difficile, maintenant, d’expliquer que, dans le cadre d’une grande réforme fiscale, la suppression du quotient familial ne serait pas injuste si, par ailleurs, le barême des impôts était modifié. Malheureusement pour le camp de M. Hollande, l’UMP a beau jeu de souligner que, dans un pays où 56 % de la richesse nationale est consacrée à la dépense publique, une hausse des impôts ne ferait que nuire à l’initiative privée.
Et les allocations familiales ?
Les socialistes rappellent que les ménages trop pauvres pour payer l’impôt sur le revenu (IR) ne bénéficient pas du quotient familial. On leur rétorque, à droite, que ce n’est pas une raison pour accroître le fardeau fiscal des ménages qui s’acquitent de l’IR, pour eux-mêmes et pour les autres à la fois. La suppression du quotient familial (QF) introduirait une injustice si elle n’est pas compensée euro pour euro. Il est vrai toutefois que le quotient ne profite pas qu’aux classes moyennes et qu’il diminue, parfois de manière substantielle, l’IR des ménages les plus aisés, en dépit du plafonnement institué par la gauche en 1982. M. Sarkozy souligne que la politique familiale de la France a très bien fonctionné depuis 1945, ce qui explique que, contrairement à ses voisins européens, elle vieillit moins et peut compter sur les nouvelles générations pour financer les retraites des anciens.
À quoi l’on peut ajouter qu’une réforme ne saurait se borner à la suppression du QF, qu’elle doit prendre en compte aussi la distribution des allocations familiales et, pourquoi pas ? l’aide au logement. M. Valls a tiré un fil, voilà que toute la pelote se dévide. L’entourage de M. Hollande est confronté à une difficulté stratégique considérable : le candidat socialiste veut prendre son temps, ménager ses effets, rapprocher ses grands effets d’annonce de la date du premier tour. Mais les porte-parole socialistes ne peuvent pas rester muets entre-temps. Parfois contraints de parler, ils risquent de donner un os à ronger à leurs adversaires. Certes, on ne peut pas dire que le combat électoral soit particulièrement élégant cette année, mais, encore une fois, les Français ne sont pas dupes de la dramatisation grossière des événements à laquelle se livrent les partis.
HAUSSE DES IMPÔTS OU RÉDUCTION DE LA DÉPENSE PUBLIQUE ?
L’hystérie sémantique de la campagne ne cache pas le fait, important, que, jusqu’à présent, la droite semble mieux organisée que la gauche, que les ripostes socialistes aux actions de M. Sarkozy ont un résultat moins ravageur que les cris d’orfraie poussés par l’UMP chaque fois que la gauche fait mine d’avancer une proposition, que se maintient la différence entre l’activisme de la majorité et la critique de l’opposition. La droite mène le bal, d’abord parce que le président tire le plus grand avantage de sa position d’acteur politique de premier rang. Il agit sur la scène intérieure et internationale, il continue à prendre des mesures législatives à trois mois du premier tour. Ensuite, il n’hésite pas à entrer dans la mêlée : il a été le premier à pourfendre l’idée de Manuel Valls, lequel avait déjà eu beaucoup de mal pourquoi il soutenait la TVA sociale quand il était candidat à l’investiture socialiste et pourquoi il la dénigre maintenant qu’il s’est mis au service de M. Hollande. Lequel doit impérativement, dans les jours qui viennent, dire comment il entend s’attaquer aux déficits et à la dette, s’il augmentera les impôts ou s’il diminuera la dépense publique ; et comment il trouvera les moyens de financer un programme dont il ne nous a fourni que les très grandes lignes.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation